Branford Marsalis : La vie jazz
Musique

Branford Marsalis : La vie jazz

Branford Marsalis a la note bleue dans le sang.

"Pourquoi je reviens toujours au jazz? Parce que c’est la musique la plus difficile à jouer, la plus stimulante sur le plan intellectuel comme sur le plan émotionnel. Et parce que c’est là que je me retrouve le mieux." Profession de foi succincte et sincère de Branford Marsalis, figure de proue du jazz mainstream depuis un quart de siècle.

On l’a souvent décrit comme le plus cool des fils d’Ellis Marsalis, par opposition à son frère Wynton dont les prises de position sur une chimérique pureté du jazz fleurent bon l’académisme, voire l’intégrisme. Pour sa part, même si on l’a vu au sein du premier groupe de Sting après The Police ou à la tête de la formation acid jazz Buckshot LeFonque, même s’il a été chef d’orchestre du Tonight Show de Jay Leno, le saxo néo-orléanais se définit d’abord comme un jazzman, un pur.

Dans la foulée de la parution de son album en quartette, Braggtown, Marsalis revient au FIJM où il a souvent fait escale, dont une fois aux côtés de Miles Davis, visite dont un extrait figure sur l’album Decoy. Malgré l’accueil chaleureux que lui ont toujours réservé les festivaliers montréalais, Marsalis garde la tête froide: cette ville de l’orgueil évoquée par le titre, ce n’est pas notre métropole. "Nah, Braggtown ne fait référence à rien, ça ne veut rien dire, c’est juste un nom comme ça que ma femme a vu sur un panneau de rue alors qu’on me pressait de trouver un titre pour l’album."

Véritable sommet dans l’art du saxophoniste, Braggtown propose une musique sans compromis, interprétée par un quatuor de musiciens tous habités par le feu sacré. "J’ai la chance de jouer avec ces gars-là depuis huit, neuf ans: Eric Revis à la contrebasse, Joey Calderazzo [qui a remplacé Kenny Kirkland, mort d’une overdose en 1998] au piano et Jeff "Tain" Watts à la batterie. Avec Tain, ça fait encore plus longtemps; on joue ensemble depuis près de 25 ans!"

Pareille complicité ne se simule pas; de là une partie de l’intérêt de cet album dense et parfois coltranien, où par ailleurs le combo explore des univers proches du classique: le morceau Hope rappelle Chopin, O, Solitude porte la griffe de Henry Purcell et Fate flirte avec Richard Wagner. "Rien de délibéré. J’avais ce fragment de mélodie en tête, et je ne savais pas d’où il me venait. C’est juste quand j’ai retrouvé la source que j’ai décidé d’assumer le lien avec Wagner."

Mais pourquoi avoir fondé Marsalis Music après avoir quitté l’écurie Columbia où il avait enregistré et même travaillé comme producteur pendant une vingtaine d’années? Avec un patronyme aussi célèbre, n’aurait-il pas été plus simple de signer avec une autre firme? "Les grands labels ne s’intéressent plus à la musique, juste à l’argent. C’est pourquoi ils veulent toujours vous obliger à enregistrer des pièces connues ou, pire, de mauvais arrangements jazz de chansons pop. Moi, j’ai besoin de liberté pour créer."

Le 6 juillet à 18 h
Au Théâtre Maisonneuve

À écouter si vous aimez
John Coltrane
Sonny Rollins
Joshua Redman