Heart : Le coeur a sa raison
Musique

Heart : Le coeur a sa raison

Après 30 ans, Nancy Wilson vit bien avec la longévité du groupe Heart. Dans leur bastion de Seattle, les soeurs Wilson cultivent la suite de ce qu’elles décrivent comme une histoire harmonieuse et sereine, exempte de psychodrames.

Nous pourrions croire qu’il s’agit d’une énième tournée "réunion" aux motivations économiques traditionnellement ancrées dans la nostalgie, mais non. Les soeurs Wilson n’ont jamais interrompu les activités du groupe Heart, n’ont jamais vécu de crises existentielles majeures les conduisant à reconsidérer la raison d’être du groupe et, malgré la parution à l’automne du premier album solo de sa soeur Ann, Nancy Wilson est déjà en train d’élaborer la suite de l’album Jupiter’s Darling, paru discrètement en 2004 sous la défunte étiquette Foreign Records. Après avoir survécu aux années 80, elles ont pris le temps de travailler dans les années 90 avec une nouvelle formation de leur cru, The Lovemongers, dans une formule folk-rock. Un retour aux sources pour ce groupe architecte de la power ballad. "C’est une dualité qui a toujours existé au sein du groupe", explique Nancy Wilson, guitariste et chanteuse de la formation. "Pour nous, c’est le point de départ de notre carrière, c’est impossible de passer à côté. C’est une dynamique que nous avons toujours considérée, le mélange d’une cellule acoustique dans un environnement rock." Par contre, le groupe sait s’adapter en concert et ne se prive pas de sortir l’artillerie lourde lorsque les conditions le permettent. C’est sans nul doute ce à quoi nous aurons droit lors de son passage au festival Woodstock en Beauce.

Au menu, on passe en revue le répertoire accumulé depuis 1976: Crazy on You, Barracuda et Magic Man sont des incontournables. Les inconditionnels des albums Bad Animals et Brigade ne seront pas en reste. Pas question de mettre de côté cette période saturée d’artifices, avec néanmoins quelques adaptations acoustiques question de faire passer la sauce. "Tous les groupes des années 80 y ont goûté!" rigole Nancy Wilson en se remémorant cette décennie très lucrative pour le groupe. "C’était l’époque où nous étions tous esclaves de la mode. Mais, ce n’était pas le seul problème, il y avait le son aussi. Beaucoup de producteurs ont fait un véritable massacre avec plusieurs groupes. Malgré tous ces artifices, nous avons eu beaucoup de plaisir. Nous avons toujours su, Ann et moi, d’où nous venions et qui nous étions. Nous ne nous sommes jamais éloignées de notre véritable identité."

L’industrie musicale a changé et s’est métamorphosée. Un constat avec lequel les membres du tandem composent sans trop se soucier des répercussions sur leur travail, qu’elles assument à leur rythme. "C’est une période intéressante, très différente de ce que nous avons vécu, constate la chanteuse. Lorsque nous avons débuté, les compagnies de disques avaient encore de l’argent à dépenser pour nous aider à nous développer. Que ce soit en tournée ou en studio, nous avions le temps de prendre de l’assurance. Aujourd’hui, ce qui détermine la musique populaire est totalement déconnecté du véritable potentiel de certains artistes. Ces musiciens ont tout juste le temps d’acquérir une notoriété et de l’expérience qu’ils sont déjà éliminés. Ça correspond malheureusement au scénario américain typique: tout ce qui se construit finit par être détruit."

Le 30 juin à 21h
Au festival Woodstock en Beauce
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