Holly Cole : Cool Miss Cole
Musique

Holly Cole : Cool Miss Cole

Holly Cole revient à Québec pour gravir les marches du Palais Montcalm. Toujours aussi choyée du côté francophone, cette native d’Halifax présentera son meilleur album en carrière, sorti à la mi-mars, et qui est vite devenu un succès dans la Belle Province.

Certains la trouvaient froide et inexpressive. D’autres admiraient depuis le début cette sensualité torride que cache son apparente placidité. De même que ses épisodes farfelus, d’un humour excentrique. Une chose est sûre, son septième disque en studio, une oeuvre superbe, sobre, simplement éponyme, place aujourd’hui Holly Cole à un nouveau niveau de maturité.

En plus, celle qui a conquis son public dehors dans des shows en plein air bénéficie aujourd’hui de l’acoustique et de l’intimité des salles. Mais elle convient que tout est relatif…

"Une grande partie de la réussite d’une musique vient de la création d’une atmosphère qui permet la transmission de ce que tu veux livrer. C’est donc mieux pour moi de jouer en salle des chansons subtiles. Mais si je jouais du zydeco, que le band était plus bruyant, j’aurais préféré être dehors pour l’atmosphère de party! Cela dit, la plupart de mes meilleurs spectacles, je les ai réussis dans l’adversité, ou alors malade ou grippée. Tu dois alors aller chercher des ressources créatives en toi que tu ne solliciterais probablement pas si tu étais installé dans le grand confort. Si tu te sens mal et que tes musiciens le savent, ils redoublent d’adresse, ils sont sous tension, plus attentifs au moindre détail. Ça donne parfois d’excellentes performances. Pendant la tournée Lilith Fair, par exemple, je me souviens d’un concert au Texas où j’étais complètement trempée sous une pluie battante. J’ai adoré ça… J’avais un microphone avec câble et j’aimais presque l’idée que d’une seconde à l’autre, je pouvais m’électrocuter! Il y avait une drôle d’excitation dans l’air."

Pour satisfaire aux exigences de son répertoire actuel, Holly Cole avait besoin d’une section de cuivres. Son somptueux petit dernier, réalisé conjointement avec le fameux Greg Cohen (qui avait fait son premier disque avant de vagabonder avec Tom Waits, Ornette Coleman, John Zorn et Elvis Costello), bénéficie, en plus, de la touche magique d’un arrangeur rare et raffiné: le pianiste Gil Goldstein. Enregistré à New York avec un nonnette tout en nuances, il rassemble des standards de grands noms: Cole Porter, Irving Berlin, Michel Legrand, Ira Gershwin… et une inconnue, Larger Than Life, signée par une Torontoise… nommée Cole.

"On m’a toujours demandé pourquoi je n’enregistrais pas mes propres chansons. En fait, je n’écris pas tout le temps, mais j’en ai quand même terminé une bonne quantité. Sauf que je ne suis jamais vraiment contente du résultat. En plus, si tu vas mettre ta propre toune sur ton disque à côté de celles de Berlin, Jobim, Harlen et Porter, elle a besoin d’être bonne! C’est Greg Cohen qui m’a convaincue de compléter cette chanson précisément pour cet album."

Et voilà comment on se jette à l’eau. La chanson en question est un portrait de son chum Dylan Hemming, qui a enregistré le disque et qui maintient une ambiance musicale autour d’elle, comme dans la maison où elle a grandi. Car à Halifax, chez les Cole, tout le monde joue du piano. Grand-père accordéoniste country, papa et maman concertistes classiques, grand frère jazzman, compositeur de comédies musicales. La totale!

"La raison pour laquelle je reste avec lui depuis six ans, c’est parce qu’il sort du lit avant moi et qu’il commence à jouer du piano. Quand je me réveille, je sais que je suis chez moi."

Une grande romantique, cette Holly sensuelle dont on contemple les longues jambes sur cette pochette noir et blanc très rétro… à la Marlène Dietrich?

"Elle! C’était une femme fascinante qui savait mieux que personne se placer dans la lumière. Elle chantait comme un pied, mais habitait ses rôles de manière exceptionnelle. Et puis elle avait cette paire de jambes extraordinaires qu’elle étalait comme de la coutellerie. Moi, j’aime ces divas dramatiques et ce style révolu. J’aurais voulu jouer dans Casablanca, laisser Humphrey Bogart dans la pluie, seul et désolé sur la piste, et prendre cet avion dans la nuit. Ça serait le comble de mon power trip!"

Tout un numéro, on vous dit!

Le 27 juin
Au Palais Montcalm
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