Pink Martini : Sympathiques Martini
Le cocktail offert par Pink Martini recrée tout le romantisme de saveurs musicales parfois oubliées.
Les deux premiers albums du groupe de Portland, Sympathique et Hang On Little Tomato, nous ont offert une musique éclectique à souhait, qui fait fi des époques, des frontières et des catégories: rétro (swing lent des années 30, vieille chanson française, thèmes musicaux du cinéma des années 50), musique latino-américaine (samba, salsa) et world (Europe de l’Est, Japon)… Un voyage dans le temps et dans l’espace. Le nouvel opus, Hey Eugene!, laisse une plus grande place aux compositions: "Nous venons tous d’horizons différents, avec nos intérêts personnels, notre histoire propre. Chacun participe davantage à l’élaboration du répertoire", explique Thomas Lauderdale, leader du collectif. "De façon générale, je dirais que le son de l’album est assez contemporain, peut-être plus pop que celui des albums précédents, plus joyeux."
Les compositions, souvent inspirées de voyages, se marient bien aux interprétations de classiques évoquant tantôt la mélancolie, tantôt l’esprit festif, comme autant de cartes postales de l’imaginaire musical. Relecture du merveilleux Tempo perdido, écrit en 1934 par le Brésilien Ataulfo Alves, l’un des musiciens qui ont contribué à faire évoluer le choro vers la samba; Bukra wba’do (Tomorrow and the Day After), chanson-thème d’un film égyptien de 1957 écrite par Mounir Mourad et Fahti Qorah; Ta Ya Tan, chanson japonaise interprétée par Yuki dans les années 70. Une chanson de Lauderdale et de la chanteuse China Forbes, City of Lights, exprime leur passion pour l’Espagne et le flamenco. Seule la chanson-titre de l’album présente un son résolument mâtiné de soul et de pop-rock, avec des cuivres qui ne sont pas sans rappeler ceux de Penny Lane chez les Beatles: "J’y vois surtout des affinités avec Ray Charles, avec la façon de chanter de ses choristes, même avec Madonna. City of Lights est une ville fictive, mais si je devais évoquer une ville en particulier, ce serait Barcelone. J’adore cette ville. Tout le monde fait la fête dans les rues jusqu’aux petites heures du matin."
Deux des plus belles réussites de l’album, les reprises de Syracuse (d’Henri Salvador et Bernard Dimey) et de Tea For Two, mettent en lumière l’importance des arrangements pour Lauderdale et les membres de Pink Martini: "Nous avions d’abord travaillé les arrangements de Syracuse pour un album de DJ Dimitri. Tea For Two est un duo avec Jimmy Scott. Le tempo est plus lent que dans les interprétations habituelles. Nous voulions que ça respire, pour que les gens puissent vraiment prêter attention aux paroles."
Lauderdale aime beaucoup intégrer de courts extraits d’oeuvres du répertoire de la musique classique ou des comédies musicales. Ainsi, dans la pièce écrite par Martin Zarzar, Mar Desconocido (Uncharted Sea), il cite quelques mesures de la Valse en do dièse mineur de Frédéric Chopin: "J’adore les valses de Chopin. C’est une façon de faire intervenir l’Histoire, de rendre hommage à des créateurs qui nous ont tous influencés. Ma motivation première dans tout ça concerne toujours la beauté des mélodies."
Le vendredi 29 juin à 18 h et 21 h 30
À la Salle Wilfrid-Pelletier de la PdA
À écouter si vous aimez
Natalie Merchant
Paris Combo
Caetano Veloso