Sean Lennon : Le petit prince
Sean Lennon, digne représentant de la royauté du rock, vient nous présenter les chansons de Friendly Fire, un album qu’on attendait depuis des lustres.
La consigne était claire: pas de références à papa, à maman ou à un célèbre groupe dont le nom commence par la lettre B. "Sean Lennon accepte de répondre aux questions des journalistes dans la mesure où on s’intéresse à sa carrière artistique, à son CD et à son spectacle", poursuivait notre contact. D’accord… En tant que descendant direct d’une des plus célèbres familles du rock, le garçon peut sans doute faire valoir quelques prérogatives. Dont le droit de nous imposer près d’une heure d’attente avant que l’on puisse profiter de son audience. Qu’à cela ne tienne. On avait attendu huit ans la sortie de Friendly Fire…
Disons à sa décharge que, une fois le contact établi, Sean Lennon fait preuve d’une écoute sérieuse et se montre généreux dans ses réponses. Il en a long à dire sur son deuxième album, Friendly Fire, lancé plutôt discrètement l’automne dernier. L’oeuvre, qui comporte un volet musical et un volet audiovisuel, cherche encore son public. "L’industrie n’a pas su qu’en faire, et les gens étaient confus quant à mes intentions. Ils n’ont pas compris que le DVD était un véritable film. Le coût élevé du produit en a rebuté plusieurs. Dommage, je m’étais beaucoup investi, plus encore sur le film que sur la musique", soupire-t-il.
STOP OU ENCORE?
Reste que les fans avaient surtout envie de renouer avec Sean le musicien. Huit ans d’attente, ça finit par faire long… Le jeune artiste regarde dans son rétroviseur mental avant de répondre: "J’étais préoccupé par ma relation amoureuse. J’ai écrit et enregistré de la musique pour autrui. Je me suis aussi demandé quel genre de musique je voulais faire, et si je voulais faire de la musique pour un public ou pas."
Il ajoute que ses appréhensions avaient également à voir avec le sang bleu qui coule dans ses veines. "C’était lié au fait que je suis le fils de Lennon. Et d’être toujours exposé au regard public. Je me sentais… indigne", confie-t-il.
C’est une secousse sismique émotive qui le ramènera à la musique. Nées dans la douleur, les chansons de Friendly Fire racontent une trahison amoureuse et la perte d’un ami très proche. Les mélodies, toutes habitées par une poignante mélancolie, sont d’une extrême délicatesse. Musicalement, on revient sur le territoire défriché pour Into the Sun. "J’ai souvent recours à certains accords et à certaines notes que j’apprécie. Je m’en sers à répétition (rires)", admet Sean Lennon. Les paroles, transparentes et braves, ne cachent rien de son désarroi. On imagine que cette mise à nu ne s’est pas faite sans réflexion. Qu’il a fallu un certain courage pour rapporter les faits de la sorte… "Je ne sais pas, je n’y pense pas vraiment de cette façon. Ce n’était pas difficile du tout, en fait. L’idée, en musique, c’est d’être sincère. Tenter d’articuler quelque chose de vrai et de beau. C’est mon métier", conclut-il.
Samedi 30 juin, 18 h.
Au Spectrum
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