Xavier Caféïne : Surtout pas déca
Après une escapade de création en Europe, Xavier Caféïne revient torréfié à la perfection, prêt pour une série de spectacles – surtout pas déca.
Originaire d’Aylmer, Xavier Caféïne a baigné dans un milieu social bilingue, la proximité avec la capitale fédérale lui offrant un contact privilégié avec toute la richesse de la diversité culturelle. C’est peut-être ce qui a inspiré chez lui cette perception si particulière de l’identité qui tinte son discours et ses textes. Pour lui, l’identité n’est pas une question de langue ou de couleur: "Il faut les faire éclater, ces frontières. C’est vers ça que s’en va l’humanité de toute façon." Pour Caféïne, noir ou crème, ça reste du café. Tout ce qui change, c’est l’amertume – ou la façon de l’apprécier.
Exit, donc, ces vieux débats stériles de l’identité qui opposent plutôt que de rallier. "C’est toujours les deux solitudes/qui se font la gueule/Moi mon pays ce n’est pas un pays/c’est une vieille guerre", dénonce-t-il dans la chanson Les Corbeaux. Mais, cela dit, sans vouloir imposer une quelconque ligne de pensée… "Si tu regardes mes textes, tu vois que ce n’est jamais moralisateur. J’ai des choses à dire et je le fais. C’est mon opinion, c’est tout." Quand on s’y penche véritablement, ses textes ont ceci de particulier qu’ils ne saccagent pas de façon irréfléchie, que ce n’est pas sans nuances qu’ils déboulonnent ce que d’autres auraient jeté à terre sans autre procès. Une attitude qui fait de sa musique un punk-rock non seulement accessible et accrocheur, mais sensible et intelligent.
Alors que Xavier Caféïne révélait, lors de la sortie de son dernier album (Gisèle), que la création de toutes les chansons s’était faite dans le confortable secret du sous-sol du domicile familial, il s’attaque aujourd’hui avec un entrain à peine contenu à une série de spectacles qui lui fera voir du pays cet été. Comme bien d’autres artistes de la chanson, il est déchiré par cette dualité entre le besoin d’une retraite pour créer et la nécessité de prendre les planches pour s’éclater. Il sera d’ailleurs des grands rassemblements estivaux, à commencer par la fête nationale sur les plaines d’Abraham, le Festival d’été de Québec, Woodstock en Beauce…
Si Caféïne est si enthousiaste à l’idée de reprendre la route, c’est qu’il sort à peine d’une enclave de création qui l’aura tenu à l’écart un certain temps. Il débarque en fait de la France, où il a collaboré, entre autres comme coauteur, au prochain album de Plastic Bertrand. Avec ce retrait momentané de la scène, fenêtre consacrée à l’écriture, le manque se fait sentir; rien de mieux qu’une dense période de performance pour corriger la situation… "La plus belle partie de la job!" admet-il.
De l’isolement créatif à l’intensité de la scène, puis à contresens, ainsi va la vie depuis 10 ans pour Caféïne. Il aura fallu beaucoup de patience pour que la reconnaissance vienne enfin. À quoi doit-il cet intérêt tardif? L’auteur-compositeur-interprète l’attribue à la plus grande ouverture dont ont fait preuve les radios commerciales et à l’émergence de certains groupes, comme Malajube ou Les Trois Accords, de la génération desquels il ferait partie. "C’est des choses sur lesquelles je n’ai aucun pouvoir. De toute façon, il ne faut pas que les artistes aient un contrôle là-dessus." Et si cet intérêt inespéré que suscite son travail aujourd’hui venait à lui faire défaut? Il continuerait, simplement. "On va juste continuer, persévérer. C’est ça qui est important." Venant du gars qui a attendu 10 ans avant de récolter, c’est une résolution somme toute crédible.
En première partie de Lulu Hughes
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De retour le 17 août
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