Mark Murphy : Le jazz dans la peau
Musique

Mark Murphy : Le jazz dans la peau

Le chanteur de jazz Mark Murphy fête ses 75 ans et une carrière qui s’étend sur plus d’un demi-siècle.

Avec les Joe Williams, Nat "King" Cole et Eddie Jefferson, auxquels il n’aura de cesse de rendre hommage, Mark Murphy appartient à la crème des musiciens qui ont écrit l’histoire du jazz vocal. Il n’est pas facile de cerner une production de plus de 50 albums qui représentent une étonnante évolution. Voici quelques jalons depuis le moment où Murphy se découvre une vocation pour le jazz: "À sept ans, mon oncle me fait écouter Art Tatum. Je m’dis: Mais, qu’est-ce que c’est ça? Puis, Erroll Garner, Benny Goodman, Nat "King" Cole et Peggy Lee dont je suis vite devenu accro".

Le chanteur obtiendra un premier contrat de disques, chez Decca, en 1956. En 1959, Murphy s’ouvre à la musique pop et enregistre Hip Parade avec les musiciens de Peggy Lee. Il reprend Catch A Falling Star et It’s Not For Me To Say avec la candeur de l’époque et, surtout, avec un phrasé bop directement influencé par celui des cuivres. Mais, derrière tout ça, se préparait un grand changement. "Il existait un lien à la fois étrange et fascinant entre Kerouac et le bop. La Beat Generation pavait la voie à un changement en profondeur. En musique, nous mettions de plus en plus l’accent sur le rythme". En 1981, paraît, sur l’étiquette Muse, Bop For Kerouac, sur lequel Murphy lit des extraits de romans de l’auteur.

Parmi les interprètes qui feront le passage entre le bop et la musique brésilienne, Murphy sera l’un de ceux qui feront les choix les plus audacieux. En 1986, il consacre un album à la musique recherchée d’Ivan Lins, Night Mood. "Le langage d’Yvan fait preuve d’une grande musicalité: de superbes mélodies, une grande richesse harmonique. C’est aussi un grand parolier". L’un des disques qui illustrent le mieux l’art de Mark Murphy est celui réalisé en duo avec le pianiste Bennie Green, Dim The Lights. Le chanteur y interprète un texte de Carol Hall sur une musique exceptionnelle de Bill Evans, Two Lonely People. "Comme c’est le cas pour Insensitive, de Jobim, c’est très difficile à chanter sur un plan émotif".

Au début des années 2000, Mark Murphy fait la rencontre du musicien de jazz allemand Till Bronner. Ce dernier est un fan inconditionnel de Murphy et va assurer la production de ses deux derniers disques sur Verve, Once To Every Heart (2005) et Love Is What Stays (2007). La réalisation artistique soignée de ce dernier en fait sans doute le plus bel album de jazz de l’année. "Le jazz m’a montré comment goûter la joie, conclut Murphy. La musique est source d’allégresse, de ravissement de toutes sortes et à plusieurs niveaux."

Le 4 juillet à 19 h
Au Club Soda
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