Richard Bona : Chercheur de trésor
Richard Bona navigue entre musiques africaines, latino-américaines et brésiliennes, entre jazz, pop et funk, tel un explorateur en quête d’un trésor.
"Ma musique, c’est de la bonne musique", rigole de bon coeur ce joyeux luron de Richard Bona, à l’autre bout du fil. "L’important, c’est qu’une musique nous touche, que ce soit Stevie Wonder, Mozart, Ravi Shankar ou Miles! La musique est là pour nous guérir, nous soigner; c’est une affaire de spiritualité." Sur son nouvel album Tiki, marqué comme les précédents au sceau du métissage des traditions, Bona donne l’impression de chercher à établir des ponts entre la mère Afrique et le Brésil. D’ailleurs, ce riche terreau musical est le lieu d’origine de l’un des nombreux collaborateurs invités, le chanteur Djavan qui a étonnamment décidé de chanter Manyaka O Brazil dans la langue maternelle de son hôte. "À l’origine, il devait chanter en portugais. C’est lui qui a insisté pour chanter en douala, sans doute parce qu’il peut chanter en portugais n’importe quand."
Outre Djavan, Tiki réunit autour de Bona une impressionnante liste de collaborateurs aux allures de who’s who de toutes les musiques du monde: le guitariste Mike Stern, la chanteuse indienne Susheela Raman, le batteur Vinnie Colaiutta, l’arrangeur Gil Goldstein et bien d’autres, dont plusieurs le rejoindront à la Place des Arts, à l’un ou l’autre de ses cinq concerts montréalais. "Tous ces gens sont non seulement des artistes que j’admire, mais des amis de longue date; tous ont accepté sans hésiter de collaborer avec moi."
Multi-instrumentiste, Bona a composé ou co-composé toutes les pièces de son disque, sauf Three Women, empruntée au répertoire du légendaire Jaco Pastorius. "C’est par lui que je suis arrivé à la basse. Alors je ne manque jamais une chance de lui rendre hommage, de le remercier. Si ce n’avait été de lui, je serais peut-être pianiste aujourd’hui ou bien saxophoniste."
Installé depuis quinze ans à New York, Richard Bona ne regrette nullement l’Hexagone qu’il a dû quitter pour une affaire de papiers d’immigration. "J’étais en règle, j’avais tous les papiers qu’il faut, je payais mes impôts. Mais la France était déjà paradoxale; d’une part, on reprochait aux immigrants qui ne travaillaient pas de vivre aux crochets de l’État et, de l’autre, on accusait ceux qui travaillaient d’être des usurpateurs. Alors juste avant l’expiration de mes papiers, quand j’ai vu qu’ils n’avaient pas l’intention de me les renouveler, je me suis fait à l’idée et je suis parti."
Une perte pour la France, à n’en pas douter. Mais Richard Bona n’en a que faire: sa musique l’appelle ailleurs, toujours ailleurs.
Les 2, 4, 5, 6 et 7 juillet, à 19 h 30
Au Théâtre Jean-Duceppe de la PdA
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