The Cinematic Orchestra : À fleur de peau
Musique

The Cinematic Orchestra : À fleur de peau

Cinematic Orchestra vient tout juste de livrer Ma Fleur, un album dont le dépouillement contraste nettement avec ses réalisations passées.

Après deux albums (Motion et Every Day) et une trame sonore réalisée pour un film russe des années 20 (Man With the Movie Camera), le compositeur et multi-instrumentiste Jason Swinscoe et sa bande nous surprennent en s’éloignant de leur électro-jazz tendu par une rythmique d’avant-plan. Avec Ma Fleur, paru chez Ninja Tune il y a quelques semaines, Cinematic Orchestra mise plutôt sur des atmosphères apaisantes et sur une plus grande présence vocale.

Comme bien des artistes en quête d’inspiration, Swinscoe semble posséder la fibre nomade. Ayant délaissé Londres pour Paris, où il a en grande partie écrit et enregistré cette nouvelle oeuvre au titre si romantique, il s’est ensuite installé à Brooklyn où il réside depuis un peu moins d’un an. Son séjour dans la capitale française semble avoir imprégné sa démarche d’une nouvelle sensibilité. "À travers les films de Louis Malle, de Godard ou de Truffaut, Paris m’a toujours fasciné. Cette ville porte en elle une grande poésie, et il s’agit d’un endroit merveilleux où l’art et son histoire occupent une grande place. Et les Français sont très passionnés, beaucoup plus que les Anglais qui sont plus réservés, voire plus fermés sur eux-même. Mes deux années à Paris m’ont aidé à me laisser aller à la création et à être plus vulnérable. La vulnérabilité peut parfois se révéler un état merveilleux; tu es davantage ouvert et réceptif aux gens et aux choses qui t’entourent."

À Paris, il s’est aussi ouvert à de nouvelles influences musicales qui expliquent le changement de ton de Ma Fleur. "J’ai délaissé la culture plus "danse" des clubs et j’ai découvert des artistes plus folk, comme José González, Sufjan Stevens et Regina Spektor. La démarche artistique de ces gens passe par la simplicité; leurs voix peuvent simplement être accompagnées d’un piano ou d’une guitare, mais c’est bourré d’âme. Je me suis donc rendu compte que c’était ce dont j’avais envie maintenant."

Résultat: un album légèrement jazz, qui évolue tout en lenteur, où les lignes rythmiques de la batterie et de la basse n’occupent plus l’avant-plan, où il n’y a plus d’échantillonnages (les procédés électros sont surtout utilisés pour créer des ambiances fantômatiques), et où piano et guitare acoustique mènent le bal au côté des cuivres et sections de cordes.

Après avoir composé l’ébauche instrumentale des 11 nouvelles pièces, Swinscoe a été confronté à une panne d’inspiration et se voyait incapable de poursuivre le travail. Afin de remédier à l’impasse, il transmet l’enregistrement à un ami de longue date en lui demandant de s’en inspirer pour écrire un scénario. Après plusieurs aller-retours entre les mains de l’écrivain et celles du musicien, les contours de Ma Fleur se sont donc définis avec plus de précision. "Nous avions déjà procédé par représentation visuelle pour l’écriture de la trame sonore de Man With the Movie Camera, et ce fut un processus très inspirant que j’ai voulu reprendre pour Ma Fleur. Le scénario m’a permis de redéfinir ma direction musicale et de redonner une seconde vie à l’oeuvre."

Les 11 pièces sont donc devenues le support narratif d’une histoire mettant en scène 3 personnages. Ceux-ci sont incarnés sur plus de la moitié des titres par trois interprètes aux voix émouvantes; celle de Lou Rhodes, déjà entendue du côté de chez Lamb, celle de la grande dame du soul, Fontella Bass, qui avait déjà collaboré avec le groupe, et puis celle de Patrick Watson que l’on connaît bien. Les pièces auxquelles il participe se détachent d’ailleurs du lot par leur grande intensité.

Et, bonne nouvelle, le Montréalais se joindra aux Britanniques lors de leur passage chez nous.

Le 5 juillet à minuit
Au Club Soda
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Patrick Watson
Skalpel
Nils Petter Molvaer