Tortoise : Théorie de l'évolution
Musique

Tortoise : Théorie de l’évolution

Tortoise a toujours su éviter l’immobilité. De passage au Festival de Jazz lors d’une de ses rares tournées, le groupe nous exposera donc où il en est rendu.

Bien qu’intégrant certains éléments jazz à leur démarche, les membres de Tortoise se réclament davantage d’une approche rock. "En fait, je crois que l’esprit de liberté et l’attrait de l’exploration représentent les seuls points communs entre le jazz et notre musique, car on ne peut pas établir de comparaison directe en termes techniques ou esthétiques", affirme le batteur et claviériste John McEntire.

Tortoise a émergé dans le paysage musical de Chicago, au tout début des années 90, avec un hybride musical qui faisait voler en éclats les structures traditionnelles du rock et qui, alors, ressemblait à peu de choses. Le groupe pavait ainsi la voie qu’ont ensuite empruntée des groupes comme Trans Am, Labradford et bien d’autres, comprenant Mogwai et Godspeed. C’est d’ailleurs au moment de la parution de leur deuxième album (Millions Now Living Will Never Die en 1996) qu’ont été jetées les bases du "post-rock" et que le terme quelque peu fourre-tout a bien malgré eux été mis de l’avant et popularisé. Avec des membres provenant d’horizons variés (du hardcore au jazz), la formation tisse une oeuvre complexe et plutôt cérébrale, exclusivement instrumentale, où se mêlent rock ambiant et expérimental, free jazz, dub, électro et musique latine.

Selon McEntire, également membre de Sea & Cake, le fait que tous les musiciens du groupe aient un ou plusieurs projets en parallèle (Isotope 217, Brokeback, Chicago Underground Trio, etc.) et oeuvrent avec d’autres artistes en tant que réalisateurs représente, en quelque sorte, un gage de santé pour Tortoise: "Je suis surpris de voir qu’il n’y a pas plus de musiciens qui fonctionnent de cette manière et que la plupart des gens s’en tiennent à jouer dans un seul groupe. Pour notre part, cela permet de ne pas étouffer et de toujours explorer différentes perspectives." Ainsi, il a toujours été naturel pour eux de parcourir de nouvelles avenues. "Notre façon de composer n’est jamais demeurée la même et a toujours évolué selon les situations et les albums. Il s’agit d’un moyen de rester motivés et de toujours avoir du plaisir."

Ces musiciens se pointent donc souvent là où on ne les attendait pas. L’an passé, ils nous surprenaient, par exemple, avec The Brave And The Bold, une collection de reprises réalisée conjointement avec l’artiste folk Will Oldham (alias Bonnie Prince Billy et Palace). Devo, Elton John, Melanie et Bruce Springsteen y étaient, entre autres, revisités de manière bien singulière.

Et quand on l’interroge quant à un cinquième album, McEntire se fait plutôt évasif: "Il y a un bon moment que nous avons commencé à y travailler, mais on ne sait pas du tout quand ce sera terminé… peut-être au cours de la prochaine année. Nous ne sommes pas assez avancés pour pouvoir dire à quoi ça ressemblera. Je crois, en fait, que notre musique prendra une multitude de nouvelles directions. Nous en sommes encore à l’étape la plus emballante, car tout reste à bâtir, tout est encore possible. N’est-ce pas extraordinaire?"

Le 4 juillet, à 20 h 30, avec Steve Reid et Kieran Hebden
Au Métropolis
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