Alain Lefèvre : Un pianiste en mission
Le pianiste Alain Lefèvre prépare un récital solo pour le Festival de Lanaudière, qui célèbre cette année son 30e anniversaire. Et les projets ne manquent pas!
Réjean Beaucage
Photo : Russell Proulx
Si le Festival de Lanaudière lui a offert pour une troisième année le rôle de porte-parole, c’est sans doute parce que l’on sait, à Joliette, que lorsque le pianiste Alain Lefèvre endosse une cause, ça risque de se savoir! Que l’on pense seulement à la réhabilitation du nom d’André Mathieu, auquel Lefèvre a consacré, jusqu’à maintenant, trois disques (avec l’OSQ, en solo et avec l’OSM sur le plus récent – tous chez Analekta). On prévoit maintenant un film sur la vie du compositeur (réalisé par Luc Dionne) et une biographie (écrite par George Nicholson); Lefèvre prépare aussi la création du Quatrième concerto de Mathieu et s’associe avec Diane Dufresne pour un enregistrement d’oeuvres vocales! "Je pense, explique-t-il, que les musiciens du Québec devraient se soutenir un peu plus entre eux. De toute façon, si bonnes soient-elles, il y a des limites à jouer toujours les mêmes oeuvres! Il y a une paresse désespérante, aussi bien chez les organisateurs de concerts que chez les auditeurs, et ça vire au génocide pour nos compositeurs."
Après Mathieu, Lefèvre poursuit sa "mission" de développement du répertoire québécois à travers la musique de Walter Boudreau, dont il a enregistré La Valse de l’asile pour son dernier disque d’oeuvres pour piano seul (disponible aussi sur le tout récent Morceaux choisis). Le directeur artistique de la SMCQ travaille actuellement à la composition d’un grand concerto pour le pianiste. "Boudreau est un grand compositeur, et jouer sa musique, c’est quelque chose qui me tient vraiment à coeur."
NUMÉRO DIVIN
Le Festival de Lanaudière s’ouvre le 07/07/07 avec un concert monumental réunissant trois choeurs, l’Orchestre Métropolitain et l’OSQ sous la direction de Yoav Talmi. Alain Lefèvre y sera le vendredi 13 juillet: "C’est une joie d’avoir la grande scène de l’Amphithéâtre, qui n’a pas vu si souvent des solistes québécois, commente-t-il. Je commencerai avec trois sonates de Padre Soler, puis je jouerai les Klavierstücke de Schubert, une oeuvre avec laquelle je vis depuis longtemps, et qui a mûri en moi. Je jouerai ensuite l’intégrale des Études–tableaux de Rachmaninov, un chef-d’oeuvre, et je terminerai avec la fameuse Toccata de Prokofiev. C’est un récital avec lequel je vais voyager par la suite durant un an et demi, en Chine, en Allemagne, aux États-Unis et ailleurs. Il en sortira sans doute aussi un disque, avec le Schubert et le Rachmaninov." Notez que les deux oeuvres de Schumann annoncées dans le programme du festival sont remplacées par des sonates d’Antonio Soler.
Pour entendre Lefèvre interpréter ses propres musiques, c’est au Festival Orford qu’il faudra se rendre, le 3 août. "Je ne me considère pas comme un GRAND compositeur, mais je constate cependant qu’il y a de plus en plus de pianistes, un peu partout, qui jouent mes compositions. Je trouve ça un peu bizarre! Alors, à Orford, je jouerai quelques-unes de mes pièces en première partie, puis je demanderai aux gens ce qu’ils ont envie d’entendre durant la deuxième. Je pense que ce sera sympathique."