Joseph Arthur : Face à lui-même
L’insondable Joseph Arthur est au centre d’un univers où la musique rencontre la peinture à travers une poésie singulière. Le solitaire a décidé de casser le moule et de se compromettre avec le groupe The Lonely Astronauts pour un retour aux sources.
Immigrant Song de Led Zeppelin hurle à tue-tête dans le récepteur du téléphone à deux reprises avant qu’on puisse entendre la voix ténébreuse du chanteur, réputé pour être taciturne et hors norme. Aucun message sur le répondeur, tout simplement cet hymne et la voix d’un Robert Plant qui s’époumone dans un rock aux teintes wagnériennes. C’est avec calme et sur un ton neutre que Joseph Arthur entame la conversation à partir de son appartement de Brooklyn. "J’ai toujours aimé le rock’n’roll, indique-t-il à la suite d’une remarque faite sur cette entrée en matière. Je me suis toujours identifié à ces groupes des années 60 et 70. C’est mon rêve de jeunesse. Avoir un groupe et faire du rock, c’est une obsession qui m’habite depuis l’âge de 12 ans."
Après huit albums et quelques projets discographiques parallèles, l’ensemble de sa carrière est sous le signe de la solitude. Après cette succession de projets solos, autant dire qu’il a exaucé son fantasme de jeunesse avec le disque Let’s Just Be. En compagnie du groupe The Lonely Astronauts, on le retrouve au centre d’un concept qui donne pleine mesure à un rock incarné. "Nous étions sur la même longueur d’onde, se rappelle-t-il. Il n’était pas question de faire un album studio. C’était important de conserver une attitude live, sans aucun compromis. Seulement de s’asseoir, de jouer et d’enregistrer. C’était le groupe parfait pour ce type de projet." Une direction étonnante après un parcours musical qui a pris naissance dans le folk et l’introspection.
Toujours en contrôle de la direction artistique, Joseph Arthur nous expose sa seconde passion: la peinture. Son travail en arts visuels est au centre des activités de l’artiste, qui s’adonne quelquefois à des performances sur scène lors de ses spectacles. Les pochettes de chacun de ses albums ont toujours démontré avec soin ses compositions graphiques intimement liées aux thèmes développés dans ses textes. "Je n’ai pas trouvé le temps pour m’appliquer sur ce travail pour le disque précédent." L’album Nuclear Daydream est en effet le premier (depuis Big City Secrets, son premier disque) où nous pouvons voir le visage du chanteur sur la pochette. Une surprise pour les inconditionnels de son travail. "Je me laisse aller la plupart du temps. Si j’ai quelque chose en tête qui peut m’éclairer, alors je le fais. Pour Nuclear Daydream, rien ne m’est venu à l’esprit. Il n’y avait aucune intention de marquer une cassure avec quoi que ce soit. C’est juste arrivé comme ça. Je dois dire que je me promène beaucoup plus avec toutes ces tournées."
À peine Let’s Just Be vient-il de paraître, tout juste sept mois après Nuclear Daydream, que l’artiste est sur le point de terminer un nouvel opus. Un retour au Joseph Arthur solo sur lequel il reste discret. "Je dois faire quelques ajustements encore, mais c’est vrai, il sortira bientôt." D’ici là, il compte bien accorder plus de temps à une nouvelle exposition qu’il veut monter sous peu. "Ce sera dans une galerie ici à Brooklyn. Je ne sais pas encore si je vais intégrer la musique dans tout ça. Ce sera multidisciplinaire."
Le 8 juillet à 18h30
À Place d’Youville
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