Mamani Keita et Nicolas Repac : Mali Rock
Musique

Mamani Keita et Nicolas Repac : Mali Rock

Mamani Keita et Nicolas Repac seront au Festival International Nuits d’Afrique pour défendre Yelema, un work in progress déjà plus proche de la vérité que la plupart des essais répertoriés.

Ceux qui les ont vus sur la scène extérieure aux FrancoFolies, lors de leur première visite à Montréal, sont repartis conquis. Ou alors intrigués et à moitié envoûtés par cette rencontre noire et blanche, ancienne et moderne. D’un côté, les musiciens d’Arthur H, imbibés d’une culture africaine sous-tendue par un mix blues-jazz-rock. Au milieu, Moriba Koyita, un illustre joueur de ngoni, ancré dans sa tradition, mais en phase avec des séquences et autres échantillons discrets comme des bribes sonores de l’Afrique d’aujourd’hui. Et en avant, une chanteuse dans son trip: Mamani Keita.

"Mamani est un peu rebelle, observe son complice, le guitariste Nicolas Repac, au téléphone depuis Paris. Elle aborde les choses de manière plus frontale, plus politique aussi dans l’argumentation, un peu comme Bob Marley, je dirais. Son discours est direct et débarrassé de cette espèce de naïveté amoureuse qui colore en général les chansons bambara qui parlent des événements de la vie quotidienne, comme les mariages, etc. Ce genre l’agace; elle veut combattre l’injustice."

Car si Repac s’occupe de l’orchestration et de la réalisation dans les moindres détails, l’ex-choriste de Salif Keita, elle, prend ses responsabilités de leader avec un côté dénonciateur quasi omniprésent. Elle sermonne les hommes et les femmes sur la nécessité de mieux communiquer. Elle fustige aussi les politiciens pour leur manque de moralité et elle parle beaucoup de la misère en Afrique, des orphelins surtout.

"Elle est vraiment comme ça. Jusque dans son look, son attitude sur scène. Et puis, elle a cette voix chargée, perçante, criarde, qui peut parfois paraître enfantine ou naïve et, l’instant d’après, grave et puissante. C’est comme une vielle âme mais sans âge. En plus, elle est la seule chanteuse malienne que je connaisse qui choisit délibérément la modernité plutôt que la tradition. Et quand nous parlons de ce que nous faisons ensemble, on se dit que l’on fait du "Malirock". D’ailleurs en avril, à Bamako, au festival de Amadou & Mariam, il y avait plein d’artistes maliens formidables, mais on était les seuls à défendre cette énergie-là. Pas avec des guitares saturées mais dans l’attitude, la forme et l’esprit."

Une quarantaine de dates entre la France et dans le reste du monde jusqu’au début de l’automne, invitée parallèlement dans la tournée européenne "A Malian Journey" de la chanteuse de jazz Dee Dee Bridgwater, Mamani garde ce talent brut, mais prend de l’expérience. Et cela devrait paraître lors de son concert montréalais, jeudi prochain.

Sa musique est répétitive, modale, hypnotique. Après avoir oeuvré dans la brèche techno world avec Electro Bamako en tandem avec Marc Minelli, elle a trouvé avec Repac le partenaire idéal. "Le plus grand changement est dans notre poursuite du groove, analyse le chef d’orchestre. Ce qu’on a monté ensemble va maintenant beaucoup plus loin que l’an passé."

Le 12 juillet à 21 h.
Au Kola Note

À voir/écouter si vous aimez
Salif Keita
Electro Bamako
Angélique Kidjo