Oxmo Puccino : Du jazz dans le ravin
Musique

Oxmo Puccino : Du jazz dans le ravin

Le Parisien Oxmo Puccino vient nous présenter sa plus récente concoction aux confluents du jazz, du hip-hop et des films noirs américains.

C’est alors qu’ Oxmo Puccino est recruté par le prestigieux label Blue Note, en 2005, qu’on lui propose d’élaborer un album de jazz avec des musiciens de studio. "Au début, je n’étais pas du tout enchanté, mais je n’avais aucun plan précis, et je ne voulais surtout pas me contenter de faire ce que l’on attendait de moi. Je savais que je prenais un risque énorme avec ce projet hors du commun. Lorsqu’on tente de faire les choses différemment, le public ne comprend pas toujours ta démarche, et puis, les étiquettes sont difficiles à décoller. C’était plus simple d’y aller avec une recette qui fonctionne et de se faire plaisir, mais la facilité, ce n’est pas mon truc", raconte le rappeur de sa voix posée.

Exit les machines à échantillonner et les textures synthétiques, Lipopette Bar, son quatrième album studio, met de l’avant des cuivres et des cordes et prend ses racines dans des instrumentaux organiques. Épaulé par le quatuor The Jazzbastards, Puccino considère que l’élaboration de ce disque fut particulièrement éprouvante. "Avant, j’écrivais des textes sur des instrumentaux et des beats que je dénichais sur des CD. J’ai été forcé de travailler d’une manière complètement différente, de creuser encore plus profondément. La transition a nécessité une longue période d’adaptation, autant pour moi que pour les musiciens. Pour quelqu’un qui bossait avec des ordinateurs, c’était franchement dépaysant de se retrouver en compagnie de vrais musiciens en chair et en os", avance l’homme de 33 ans.

Tissant une atmosphère de films noirs et de gangsters évoquant les années 30, façon Cotton Club, et mettant en scène une galerie de personnages colorés, Oxmo élabore un univers cinématographique complexe et particulier, peuplé d’âmes qui s’entrecroisent dans un lieu commun: le Lipopette Bar. "Contrairement à mes albums précédents, je ne voulais pas parler de moi ou aborder des sujets de nature introspective ou pointue, mais simplement raconter une histoire fictive, inspirée de diverses anecdotes. Au fil des jours, la trame narrative s’est dessinée avec les musiques qu’on m’amenait et, petit à petit, je voyais évoluer l’univers en studio", explique le M.C.

Même si Miles Davis et de nombreux autres artistes ont tenté l’expérience d’amalgamer jazz et hip-hop, avec plus ou moins de succès, Oxmo Puccino était prêt à relever le défi. "La plupart des disques mariant ces deux styles ne m’ont pas du tout plu. J’ai pris conscience du niveau de difficulté lorsque j’ai construit l’album. À la base, je désirais aller chercher les éléments qui m’ont fait aimer le jazz alors que je n’écoutais, essentiellement, que du hip-hop. Pour chaque projet, je tente de viser l’excellence et de m’épanouir dans une multitude de formes d’art. Je ne veux pas collaborer avec des artistes que j’admire, mais j’essaie plutôt d’être cet artiste admiré. Rien de moins." Une classe à part, ce Puccino.

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