Randy Bachman : Du rock au jazz
Musique

Randy Bachman : Du rock au jazz

Véritable pilier du rock canadien, le guitariste Randy Bachman montera pour la première fois sur une scène du Festival de Jazz de Montréal.

"Pas la peine de me rappeler que c’est le plus gros festival de jazz au monde, je suis assez nerveux comme ça!" plaisante Randy Bachman. Joint au téléphone, le vétéran admet avec humour et candeur sa fébrilité à l’idée de rejoindre d’abord le chanteur Kurt Elling sur scène (c’était ce mercredi 4 juillet), pour ensuite se produire au Spectrum ce samedi.

Il est certes difficile de croire qu’un membre fondateur des Guess Who et de Bachman Turner Overdrive, auteur de classiques tels que These Eyes, American Woman et Taking Care of Business, puisse se sentir intimidé par quoi que ce soit. Sans sombrer dans la nostalgie, Randy Bachman se rappelle les grandes années de ces deux formations phares du rock canadien des années 60 et 70, dont il ne manquera pas de reprendre quelques hits, par égard pour ses fans. Mais il évoque avec davantage d’émotion ses années de formation et la rencontre avec son mentor, le regretté Lenny Breau. "J’étais ado, je jouais dans des petits groupes un peu partout à Winnipeg; et quand je finissais une gig, en chemin vers la maison, je m’arrêtais pour écouter Lenny dans les clubs où il jouait, le Rando Manor, le Stage Door; je restais jusqu’aux petites heures du matin. Il était encore jeune, lui aussi, mais il était déjà Lenny Breau, avec un son, un style inimitables."

L’influence de Breau sur Bachman est un secret de Polichinelle. Outre les inflexions jazzy de bon nombre de ses solos (même dans le contexte rock de la musique des Guess Who), le fait que Bachman ait consacré argent et énergie à préserver le legs du disparu est une sacrée reconnaissance de dette. Ces dernières années, Bachman a réédité sous son label Guitarchives une demi-douzaine d’enregistrements méconnus de Breau. Et quand on sait l’amitié qui l’unissait à Breau, on ne s’étonne pas que Bachman ait voulu recréer un peu l’ambiance de ces jeunes années avec un album, JazzThing, où il fusionnait jazz, blues et country à la manière de son défunt maître à penser, et qu’il se soit même autorisé un duo posthume avec lui sur Summertime. "Je voulais lui rendre hommage un peu comme Natalie Cole l’avait fait pour son père."

Dans la foulée de cet album, Bachman a fait paraître récemment JazzThing II, véritable rencontre au sommet de guitar heroes où il côtoie Jay Geils, Gerry Beaudoin et Duke Robillard. "Les gars étaient de passage au Canada et m’avaient appelé pour me demander de leur servir de guide dans les Rocheuses. Comme je suis originaire des Prairies, je les ai convaincus de laisser tomber ça et de me rejoindre plutôt en studio pour enregistrer ce disque en une journée." Vu la présence de Robillard aux côtés de Bachman, on peut entendre JazzThing II comme un aperçu du concert de samedi, à cette nuance près: "Avec le public du rock, un artiste est obligé de reproduire note pour note ce qu’il y a sur le disque. Mais dans un contexte jazz comme celui-ci, on est plus libre, on peut explorer. En fait, c’est ce qu’exigent les amateurs de jazz."

Le 7 juillet
Au Spectrum
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À écouter si vous aimez:
Bachman Turner Overdrive
Lenny Breau
George Benson