Tcheka : Mon cap à moi
Musique

Tcheka : Mon cap à moi

Tcheka appartient à la nouvelle chanson de l’archipel du Cap-Vert. Tout en restant fidèle à ses racines, il modernise des rythmes populaires et affirme son identité de manière originale.

Cesaria Evora a donné ses lettres de noblesse à la chanson du Cap-Vert. Des artistes comme Lura, Sara Tavares, Vadu et Tcheka représentent la relève. Ce n’est pas tant dans les propos que dans la musique qu’ils innovent. Ils renouent avec des rythmes ancestraux qu’ils actualisent avec fougue et énergie. Dès l’enfance, Tcheka reçoit une éducation musicale très stricte de la part de son père, Nho Raul Andrade, un violoniste très populaire de l’île de Santiago. À 15 ans, il développe déjà un style personnel fondé en grande partie sur le batuque, l’un des rythmes les plus populaires de l’île: "À la maison, nous n’avions ni radio ni chaîne stéréophonique. C’est ainsi que j’ai commencé à jouer de la guitare dès l’âge de neuf ans." Il vit depuis plusieurs années à Praia, la capitale du Cap-Vert.

Après un premier disque, intitulé Argui (qui signifie en créole "se lever"), Tcheka réalise en 2005 Nu Monda, qui lui vaudra le Discoveries Award décerné par Radio France Internationale. L’auteur-compositeur-interprète met en perspective différents aspects de la culture du Cap-Vert: l’histoire, le travail, la situation des femmes, l’émigration, le fossé des générations. "La famine qui s’est abattue sur le Cap-Vert en 1947 est un événement déterminant. Plusieurs ont fui vers l’île de Sao Tome, même en Angola. Cela a ébranlé les gens, laissé des marques, des traces sur tous. Cependant, l’agriculture, qui nous expose constamment aux forces de la nature, nous apprend à unir nos efforts, à vivre en harmonie", constate-t-il.

Sur le plan musical, Tcheka transpose à la guitare des rythmes habituellement joués par des instruments de percussion. Ses chansons énergiques et fort mélodiques à la fois s’inspirent de légendes, de croyances religieuses, de l’infini vaste de la mer, elles expriment en créole un vif sentiment d’appartenance: "Le mythe permet une projection aujourd’hui. Quant à la religion, c’est quelque chose de très incarné. Elle est en lien direct avec les émotions. C’est, en quelque sorte, la gardienne de la culture. Ma plus grande source d’inspiration reste cependant la mer. Je suis né à cinq minutes de l’océan. Enfin, chanter en créole, c’est une façon très forte d’exprimer mon identité."

Le 9 juillet à 17h30
À Place d’Youville
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