Daran : Sombre bitume
Musique

Daran : Sombre bitume

Le Français Daran présente son sixième album, le fiévreux et sombre Le Petit Peuple du bitume, où son rock se veut à la fois lent, profond et littéraire. Un projet ambitieux et réussi.

Interrogé sur le sens à donner au titre du nouveau CD, Daran réfléchit à voix haute: "J’ai une interprétation différente tous les matins. J’ai de plus en plus de réticences à donner mon avis sur les textes, parce que grâce à Internet, j’ai eu tellement d’appropriations différentes. C’est intéressant de ne pas proposer des choses verrouillées. J’aime bien donner en pâture quelque chose où l’imaginaire a encore sa place. Les gens le prennent en fonction de comment ils sont."

Et Daran, cette fois-ci, ouvre les portes, laisse ouvertes les fenêtres de ses chansons. À l’instar du Bashung de Fantaisie militaire et de L’Imprudence, son rock littéraire exige beaucoup, une grande attention, mais offre également mille rêves étranges en échange. Des textes parfois hallucinés, sur des guitares planantes, hachées. Une oeuvre qu’il n’arrive d’ailleurs pas à découper sur scène. Il la joue telle quelle dans la première partie de son spectacle pour ensuite enchaîner, dans un deuxième temps, avec ses anciens morceaux.

"Les paroles de la quasi-totalité de l’album ont été écrites par mon vieil ami Pierre-Yves Lebert. On n’a plus besoin de se parler. J’accumule sur une longue période le matériel qu’il m’envoie. De temps en temps, il m’appelle et me dit qu’il a un truc pour moi. Je sais qu’au moment où je serai prêt, j’aurai ce qu’il me faut là-dedans. Avant, je faisais des maquettes très sophistiquées sur lesquelles il écrivait, mais maintenant non, c’est l’inverse. Je me sers presque des textes comme facteur déclenchant. Quand je sais qu’un texte va m’attraper, je le mets sur mes genoux et je prends une guitare."

Mis à part son complice Lebert, Daran a aussi fait appel à Miossec pour un texte et un autre a été confié à Didier Balducci. Mais peu importe qui signe, à l’arrivée, c’est la marque Daran que l’on retrouve, une empreinte poétique personnelle: "J’ai cessé d’écrire au moment où j’ai commencé à collaborer avec Lebert. Il lit à travers moi. J’ai découvert un vrai plaisir à me concentrer sur la musique avec une telle base de données, une telle nourriture."

Le Petit Peuple du bitume est un disque d’accès difficile, avec certains morceaux de plus de 9 minutes: "Je n’avais pas de plan de vol avant de commencer. Un jour, je me suis senti assez plein pour commencer. Ce n’est pas un assemblage de chansons faites à des moments différents." Une oeuvre cohérente, soudée, que l’on pourra sans doute apprécier sur scène cet été ou à l’automne.

Le 14 juillet à 21h30
Au Parc de la Francophonie
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