Ghislain Poirier : Leçon d’ubiquité
Programme double pour Ghislain Poirier, qui est devenu, à la force de l’aiguille et de la table de mixage, un des DJ les plus recherchés et appréciés.
Dans plusieurs des revues de presse et des biographies que l’on peut lire sur Ghislain Poirier, on mentionne abondamment qu’il est "obsédé par les gros beats sales". À ce titre, pas étonnant que le DJ et remixeur se soit forgé une solide réputation depuis deux ans en organisant les bien nommées soirées Bounce le Gros dans les clubs de la métropole. Des nuits hautement rythmées et soniques où les DJ assommaient de leurs gros beats, justement, les participants qui ne demandaient que ça, et qui étaient devenues un must dans le milieu. Pour ajouter à la chose, Ghislain Poirier fondait en 2006 sa propre étiquette de disques, Rebondir Records. Une obsession, vous dites?
Mais le musicien qu’est devenu Poirier s’est aussi façonné à force de rempiler à la table de mixage, y allant de ses visions très personnelles de pièces aussi diversifiées que celles des Anglais d’Editors (la chanson Munich) et de la sauvageonne Lady Sovereign, ainsi que, plus près de nous, celles de Pierre Lapointe (Deux par deux rassemblés) et de Champion.
Depuis le 2 juin dernier, Poirier a, pour bien dire, tiré la plogue sur ses soirées Bounce le Gros afin de consacrer ses énergies à ses prestations en spectacle (qui sont plus un show dans le sens rock du terme qu’un set de DJ) et, surtout, pour mettre la dernière touche à un nouvel album devant paraître à l’automne – avec la présence, entre autres, d’Omnikrom, un collaborateur de longue date de Poirier.
Un peu pour démontrer les différents aspects de son travail, Ghislain Poirier se produit deux fois durant le Festival d’été, et ce dans la même soirée, qui plus est! On le retrouvera d’abord sur une grande scène en compagnie du batteur Christian Olsen, puis sans doute en version solo à L’Impérial, tout juste avant la performance de Champion. Deux prestations pour deux ambiances de prime abord différentes qui ne semblent pas déplaire au principal intéressé: "Que je joue un live dans un petit bar ou un live dans un festival devant des milliers de personnes, ça ne change pas grand-chose pour moi au point de vue musical. Mais disons que ce n’est pas le même transfert d’énergie. Quand les gens sont tout près de toi, il y a une fusion qui s’opère et ça devient un peu plus spécial… D’un autre côté, quand tu joues devant de grandes foules, c’est fascinant de voir des vagues de gens réagir à la musique!"
On peut affirmer sans se tromper que le DJ sait de quoi il parle puisqu’il a eu le loisir de faire lever les foules en Europe l’an dernier; là-bas, durant l’été, chaque ville autant que chaque bled semble avoir son gros festival musical. Poirier n’en a pas pour autant négligé l’ambiance plus recluse des studios, remixant depuis des années une foultitude de groupes et chanteurs, au point où maintenant, il peut se payer le luxe d’écouter les demandes qui lui sont faites plutôt que d’aller frapper à certaines portes. "Je dois dire que ce sont les autres musiciens qui sont attirés par mon travail, alors il faudrait leur demander pourquoi ils veulent que je les remixe! (rires) Mais je trouve toujours le fun de partir avec des sources sonores que je n’utilise pas habituellement. Ainsi, même si je n’aime pas à 100 % une chanson que je remixe, je peux me dire que je l’aime suffisamment pour découvrir que je peux faire quelque chose d’intéressant que je n’ai pas l’habitude de faire. Il s’agit en fait de sortir de mes habitudes et de contaminer cette chanson avec mon approche. Quand j’aborde ces chansons, mon but est ultimement de leur manquer de respect. Une chanson peut être parfaite au départ, mais elle peut l’être aussi de plusieurs façons. À la fin, il faut que je puisse endosser totalement le résultat, comme si cette chanson devenait la mienne."
Pour le spectacle qu’il compte présenter sur la scène du Parc de la Francophonie, Ghislain Poirier dévoilera sa double personnalité musicale. "Il s’agira d’un show que nous jouons depuis quelques mois, soit une synthèse de mes dernières parutions, un vrai show live mais construit un peu comme le ferait un DJ: avec le moins de temps morts possible et formé de longs blocs musicaux. Et avec le temps dont je disposerai, j’aurai la possibilité d’installer quelque chose et de donner le goût aux gens de bouger!" Comment ne pas le croire quand il ajoute en conclusion: "J’ai bien hâte de faire ce show-là!"
Le 15 juillet
À 20 h au Parc de la Francophonie
À 22h50 à L’Impérial
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