Metric : La mort du disco
Musique

Metric : La mort du disco

La chanteuse de Metric – grande, blonde, charismatique – s’apprête à se saisir de tous les jeunes coeurs du Bluesfest d’Ottawa. En spectacle, le groupe fait dans les sensations fortes, transportant un post-grunge et une électro-pop déjantés qui font perdre tout repère.

Chemin faisant, les membres de Metric ont partout semé la graine du doute: font-ils de la bonne musique ou ce qu’ils composent est-il tout simplement génial? Ce qui est sûr, c’est que le groupe marque les esprits mélomanes, et ce, depuis Old World Underground, Where Are You Now?, son deuxième album paru en 2003 et vendu à plus de 100 000 exemplaires. Du bon rock, oui, mais ce n’est pas tout…

On voudrait suivre la démarche artistique de Metric qu’on s’y perdrait. Dans l’aventure, reste certainement une attitude rock qui persiste à s’ériger sur les ruines du disco… et qui navigue entre un post-grunge et une électro-pop déjantés.

Les albums de Metric sont en effet de style variable, un peu à l’image du groupe qui, comme ses nomades de musiciens, a pu s’installer autant à Montréal à une époque qu’à Paris, Los Angeles ou Toronto. Aujourd’hui semble être un point culminant où l’effort consiste, pour la bande, à enregistrer son prochain album, quelque part à Toronto dans son studio personnel.

L’énergie promulguée à l’écoute de la voix d’Emily Haines et des guitares de Jimmy Shaw (tous deux aussi de Broken Social Scene) a fait tourner plusieurs têtes déjà, de l’Amérique du Nord jusqu’en Europe, où le groupe a fait bonne impression grâce à une prestation dans le film français Clean d’Olivier Assayas, en lice pour la Palme d’or 2004.

On dit le plus grand bien de cette formation au rock électrisant, dont le premier album studio, Grow Up and Blow Away, vient d’être réédité. Enregistré en 1999, il comporte des sonorités que le groupe avait choisi de laisser de côté un moment.

La présence de Metric au Bluesfest d’Ottawa a tout de l’exceptionnel puisque le groupe canadien est désormais affairé à parachever son quatrième album. "Nous sommes en train de terminer le dernier chapitre, dit Emily Haines en entrevue depuis Toronto. La première copie est sortie aujourd’hui même et nous sommes en train de penser aux corrections du mixage final. C’est impressionnant et je crois qu’on a fait du bon travail."

L’album, qui portera selon toute vraisemblance le titre Up In Flames, sortira en octobre prochain et devrait confirmer l’ingéniosité de la formation, ou entériner les critiques faites à son égard jusqu’à maintenant et qui mettent en doute sa capacité à imposer son style. Si, à une époque, on a pu comparer Live It Out, leur troisième album (2005), au légendaire Goo des Sonic Youth, tout l’avenir de Metric repose désormais entre les mains savantes d’Emily Haines, au centre des aspects les plus créatifs du groupe.

Imposer son style, c’est un peu réapposer un cadre, comme celui de développer davantage les sonorités électro. "On s’est naturellement portés vers les claviers pour cet album. Alors que Jimmy et moi composions les chansons à nous seuls, cette fois, notre bassiste (Josh Winstead) et notre batteur (Joules Scott-Key) y ont mis du leur. Il arrivera aussi qu’en spectacle Josh se mette aux claviers, ce qui sera une première puisque nous utiliserons trois claviers simultanément, James, Josh et moi."

Emily Haines travaille actuellement sur une adaptation en musique d’un poème de son père décédé, Paul Haines, tiré des textes d’Escalator Over the Hill, un opéra jazz mis en musique en 1971 par l’artiste californienne Carla Bley. Emily Haines est née à cette même période en Inde, puis a été élevée en Ontario, avant de poursuivre des études à Vancouver et à Montréal en électroacoustique. Le projet en est à ses débuts seulement, mais tient à coeur à la cantatrice indie.

Le 13 juillet à 21h30
Sur les plaines Le Breton – Bluesfest d’Ottawa
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