Ariane Moffatt : Douce liberté
Ariane Moffatt, plus sereine que jamais, est de retour pour deux soirs au Vieux Clocher.
Ce matin-là, Ariane Moffatt revient tout juste d’un séjour en France. Victime du décalage horaire, elle s’est réveillée très tôt, tellement qu’elle en a profité pour écrire. Ainsi, quand on l’appelle vers les 9h, c’est une jeune femme étonnamment enjouée et pétillante qui répond.
Dans sa voix, on retrouve le même grain ensoleillé que sur Petit Animal, chanson qui tourne depuis quelques semaines à la radio, mais qui ne figure nullement sur Le Coeur dans la tête. "J’ai eu une pensée sur la façon dont on consomme la musique de plus en plus, en y allant souvent chanson par chanson", explique l’auteure-compositrice-interprète à propos de cet extrait-surprise. "Il y avait aussi les Français qui cherchaient à avoir quelque chose qui soit radio un peu et qui m’ont demandé si je voulais faire une toune pour ça. J’ai composé cette chanson, mais finalement elle n’a jamais joué là-bas. Donc, j’ai décidé de la lancer ici. Et c’est bizarre, effectivement, elle n’est pas sur le disque. C’est une chanson qui m’est venue comme ça. Mais pourquoi s’empêcher, quand il y a une nouvelle chanson qui sort, de l’offrir comme ça aux gens?"
Avec sa pop savoureuse et légère, cette nouvelle pièce donne-t-elle le ton de son troisième et prochain album? Ariane rit un peu, puis hésite: "C’est un peu difficile à dire… J’ai l’impression que oui. C’est un truc un peu charnière entre d’où je viens et où je m’en vais, autant dans le ton, dans la fraîcheur que dans les propos. C’est plus libre, plus dégagé. Maintenant, du point de vue des arrangements et des types de sonorités, je ne veux pas trop m’avancer parce que je rentre en studio cet automne et que j’ai encore plein de temps pour façonner où je vais dans le son. Mais, c’est sûr qu’il y a quelque chose de tranchant dans cette chanson-là." En effet, beaucoup de choses ont changé depuis la sortie du Coeur dans la tête en 2005, dont son rapport aux textes. "J’écris plus au "tu", et sur des sujets qui ne sont pas forcément les miens. Je mets mon chapeau d’auteure-compositrice plus que d’avoir un journal intime."
SE RÉCONCILIER AVEC LE PASSÉ
L’auteure de Will You Follow Me l’admet, son dernier opus, réalisé avec un caillot dans la gorge, avait tout d’un miroir. "C’est plus difficile à assumer sur le coup parce que tu as l’impression d’être un livre ouvert. Quand tu écris, tu ne penses pas vraiment au rebond, tu ne penses pas à quand ça va sortir, au comment ça va être perçu. Moi, je ne regarde pas aussi loin pendant le processus de création. Après, quand ça a sorti, je me suis sentie vraiment nue! Mais j’en suis sortie renforcée et avec une meilleure compréhension de ce qu’est mon métier." Sa lumineuse tournée et ses trois Félix au dernier Gala de l’ADISQ l’ont d’ailleurs aidée à faire la paix avec son impudeur. "Avec cet album-là, je croyais perdre beaucoup de monde, du fait que ce soit trop hermétique. Mais quand j’ai eu – c’est niaiseux, car c’est un prix; mais en même temps, c’est symbolique – le prix de l’interprète féminine de l’année, ça a fait "wow"! […] Ça a mis un baume sur mon impression d’être trop fermée sur moi", confie-t-elle.
Ariane Moffatt clôt donc la tournée du Coeur dans la tête. Ensuite, elle bossera tranquillement sur son troisième opus. Comment se sent-elle en ce moment? "Le Coeur dans la tête, je l’ai vite volontairement mis derrière. Mais je suis très attachée à ce qu’il est devenu. La tournée, je n’ai pas le goût qu’elle finisse; la gang et l’énergie qui se sont créées sont vraiment puissantes."
Les 22 et 23 juillet à 20 h 30
Au Vieux Clocher de Magog
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