Calogero : Le conquistador de rêve
Calogero collectionne les succès en France et regarde maintenant vers le Québec. Discussion avec le plus anglais des chanteurs français.
En France, c’est le chanteur à la basse et à la voix angélique. À l’écoute de cette compilation au titre éponyme (exclusive au Québec), nous sommes forcé de faire le parallèle avec Chris Martin (Coldplay). Les mêmes intonations, cette voix de fausset typique, se répercutent dans nos oreilles, et les citations musicales sont précises. Le chanteur d’origine italienne se revendique sans détour d’une culture anglo-saxonne. "Pour moi c’est clair, admet-il. Je fais le pont entre la culture française et la musique que j’aime."
Calogero prend maintenant d’assaut le Québec avec cette nouvelle parution, lui qui était venu nous rendre visite avec son groupe, nommé Charts, il y a plus de 10 ans. "J’étais très jeune, commente-t-il. Ce n’est pas une expérience que je renie. Signé un contrat à l’âge de 17 ans, c’est quand même quelque chose. J’ai appris à constater et à maîtriser plusieurs facettes de ce métier. C’était une expérience exceptionnelle, mais il n’y a aucune référence avec ce que je fais aujourd’hui." L’artiste insiste: il ne tient pas à y passer la journée.
L’exercice est quand même singulier. Sortir une compilation à défaut de son dernier album, intitulé Pomme C (coécrit avec Zazie), paru au même moment en France, au mois de mars dernier, nous interroge sur les motivations d’une telle entreprise. "Je ne voulais pas arriver d’un seul coup avec un album déjà complété qui ne reflète pas qui je suis, explique-t-il. Pomme C, c’est un album pour la France. Ici, les gens ne me connaissent pas. Ça m’a pris sept ans pour aboutir où je suis. Il fallait que je commence une histoire avec le Québec. Une vraie histoire. C’est pour ça que j’ai décidé de retourner dans le passé pour faire cette compilation."
Une sélection étoffée et généreuse qui se concentre sur ses trois premiers disques. De la pop agrémentée par moment d’une conscience sociale. À titre d’exemple, les chansons Face à la mer, en compagnie du chanteur PASSI, et Si seulement je pouvais lui manquer. "Avec Michel Jourdan (le parolier fétiche du chanteur), nous avons pris le temps de trouver la phrase adéquate pour traiter de ce sujet. J’ai été témoin de certains gestes gratuits et violents de la part de jeunes. Des actes de vandalisme ou encore des agressions. Ce serait facile de les juger et de dire que ce ne sont que des petits vauriens. J’ai plutôt pensé à l’image d’un père qui doit être totalement absent pour eux. Ce point de repère qui manque, la rigueur et l’éducation. Cette chanson, elle traite, en quelque sorte, de la raison d’être d’une telle violence. Ce qui m’importe, c’est qu’il reste un message d’espoir." Il demeure très lucide et ne cultive pas de fausses ambitions pour devenir l’ambassadeur des causes perdues. "Je ne crois pas qu’une chanson puisse changer quoi que ce soit, constate-t-il. Ça ne mène à rien de faire de la politique en musique. Pour changer le monde, il faut beaucoup plus que ça. Mon métier à moi, ce n’est pas de dicter une manière de penser ou de me révolter. Je suis là pour faire rêver les gens."
Le 29 juillet, à 20 h
Au Spectrum
À écouter si vous aimez
Florent Pagny
Coldplay
Vincent Baguian