James Ehnes : L'art du défi
Musique

James Ehnes : L’art du défi

James Ehnes et le pianiste Eduard Laurel se retrouvent sur la scène de la salle Françoys-Bernier pour un récital haut en couleur et à teneur romantique. Une palette sonore expressive, empreinte de virtuosité, dans laquelle le violoniste excelle.

"Je vous mets au défi de trouver une ligne téléphonique de qualité au nord de New York, c’est impossible." C’est après quelques essais laborieux que nous entrons finalement en communication avec le violoniste James Ehnes à la Meadowmount School of Music où, jadis, il a étudié. Un retour aux sources justifié par une série de concerts qu’il doit donner à Londres du 23 au 25 juillet. "Je suis venu rencontrer Sally Thomas pour travailler avec elle sur la nouvelle composition d’Aaron Jay Kernis, explique-t-il. C’est beaucoup de travail et il y a des passages très compliqués qui sont encore à travailler. C’est toujours très exigeant de participer à la création d’une oeuvre." La pièce pour violon et piano est en effet dédiée à Ehnes et les concerts sont parrainés par la BBC.

Les dates de concert se bousculent pour le violoniste canadien qui assume en parallèle une série de récitals et la sortie d’un nouveau disque. La situation ne semble pas le déranger et il trouve même l’occasion de joindre l’utile à l’agréable en cultivant une relation exceptionnelle avec son pianiste, Eduard Laurel, qui l’accompagnera aussi pour la création londonienne. "Ça fait maintenant 18 ans qu’on travaille ensemble, se rappelle-t-il. On se connaît depuis si longtemps et il a un sens de l’humour incroyable. Quand on réussit à trouver le moyen d’être en récital pour deux semaines consécutives, on s’amuse vraiment. Je sais qu’Eduard est très motivé à l’idée de retourner au Domaine Forget; le piano est fantastique là-bas."

À noter que le violoniste a été contraint de faire un changement de dernière minute au programme préalablement annoncé pour ce récital. La Sonate pour violon et piano de Richard Strauss remplacera la Sonate pour violon seul de Béla Bartók. "Le récital de Lanaudière était trop rapproché dans le temps et on m’a demandé de choisir une autre pièce, résume-t-il. Avec la sonate d’Elgar, celle de Strauss forme une combinaison intéressante. J’aime l’idée de joindre deux oeuvres au caractère romantique affirmé. Elles dévoilent des mondes qui s’entrechoquent. On y retrouve des moments introspectifs qui contrastent avec des élans expressifs d’une grande intensité." Nous le sentons ravi.

Avec son dernier disque, James Ehnes confirme son amour pour les défis. Il est en effet assez rare de réunir les concertos de Samuel Barber, d’Erich Korngold et celui de William Walton, pour lequel il se passionne depuis longtemps. "Au départ, la CBC me proposait celui de Korngold. J’ai pensé à celui de Walton assez rapidement et je savais qu’en respectant mes tempos, les trois concertos pourraient se retrouver sur un même disque." Une contrainte qui n’en est pas une. Le violoniste avait une idée très précise de l’oeuvre qui, à ses yeux, semblait beaucoup trop négligée. "Nous avons utilisé l’édition de Jascha Heifetz, à qui cette oeuvre était dédiée, indique-t-il. Les doigtés qui ont été rajoutés en disent long sur l’influence qu’il a eue sur le compositeur. On disait que Walton redoutait l’idée de voir le violoniste revenir en lui disant qu’il n’y avait pas assez de notes dans certains passages clés. Maintenant, quand on s’y attaque, on n’a qu’à remercier Heifetz", conclut-il sur une note ironique.

Le 20 juillet à 20h
Au Domaine Forget
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