Jeanne Cherhal : Le goût de l'eau
Musique

Jeanne Cherhal : Le goût de l’eau

Jeanne Cherhal, métamorphosée en chanteuse pop, revient à Montréal, plus émancipée que jamais.

D’entrée de jeu, en voyant la pochette du nouveau Jeanne Cherhal, on est intrigué par une babiole. Sur la photo, cette fille sexy sous l’eau, les cheveux courts, le nombril à l’air, qui est-ce? Pas Jeanne, celle que l’on a connue avec des tresses et des chansons plutôt sages?

Au bout du fil avec elle, la question nous démange les lèvres, alors on demande si on peut commencer par une chose idiote. Elle rigole: "Vous allez me parler de mes cheveux?" Vos cheveux, mademoiselle, sont le moindre de nos soucis; vous avez dorénavant la tête d’une jeune femme moderne, avec les préoccupations sociales et légères qu’il convient en 2007, mais est-ce bien vous sur la pochette? "Qui voulez-vous que ce soit? Oui, c’est moi. Il y a un genre de fil conducteur dans l’album, c’est l’eau. Alors ça m’a semblé évident de me mettre en scène dans l’eau. Chacun a son interprétation de ma pochette. Certains se demandaient si je me représentais comme un foetus, si je me purifiais ou si c’était un retour aux sources. C’est un peu tout ça, mais surtout de me représenter dans un élément qui me va bien."

Fini le temps des ballades grises et ironiques pour piano, Jeanne grandit et prend des forces avec L’eau, son deuxième album studio. Cette fois-ci, l’électricité des guitares est à l’honneur, les orchestrations pop à l’anglaise, le foisonnement, le croisement des genres. Comme un arc-en-ciel dans le paysage de la chanson française: "Pour moi, la sensualité est associée à la voix. J’ai beaucoup distordu ma voix, je l’ai utilisée dans des contextes inusités en studio. Je me suis beaucoup amusée à faire des choeurs, en faisant mes maquettes sur mon ordinateur. J’ai ressenti un vrai plaisir physique à utiliser ma voix de manière débridée, décompressée."

Si Jeanne compose paroles et musiques, la richesse musicale de L’eau est en bonne partie due au réalisateur et coarrangeur, Albin de la Simone. Se sentait-elle à l’étroit dans le style chanson à texte? "Avec le recul, je crois que oui. J’ai eu envie de changer de cercle, mais ça ne se fait pas consciemment ces choses-là. J’ai passé beaucoup de temps à écrire ce disque: un peu plus d’un an. On avait complètement arrêté les concerts. Je suis passée par des phases de gros doutes, d’angoisse. Est-ce que je prends la bonne direction? Est-ce que j’ai encore des choses à dire? Ai-je une légitimité? Quand on n’est plus sur scène, ce sont des questionnements qui reviennent…".

Que Jeanne Cherhal se rassure. Avec L’eau, elle réussit à allier le dynamisme pop et la pertinence de textes bien troussés qui se penchent, sans lourdeur, sur la condition humaine avec tendresse, colère et compassion.

Le 28 juillet, avec Saule et la participation de Pierre Lapointe
Au Théâtre Maisonneuve de la PdA

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