Loco Locass : Symphonie loquace
Le trio Loco Locass s’apprête à ouvrir l’édition 2007 des FrancoFolies de Montréal accompagné d’un orchestre symphonique.
Lorsque Mathieu Rivest, le chef d’orchestre du Camp musical Saint-Alexandre, proposa à Chafiik de marier l’univers du classique à celui du hip-hop, ce dernier accepta sans la moindre hésitation. Résultat? Au cours des deux derniers étés, les Loco participèrent au camp, situé à 30 kilomètres de Rivière-du-Loup. "On a tenté l’expérience en 2005 et ça devait s’arrêter là, mais on s’est amusés comme des malades! C’est à la fois un trip artistique et profondément humain car il y a des rencontres précieuses avec des musiciens professionnels, les jeunes du camp et la musique classique. Puis, la façon dont ces gens conçoivent la musique n’a rien à voir avec la nôtre. On utilise le français, alors qu’eux, ce sont les mathématiques! Même si ça grinçait un peu au début, j’ai rapidement compris que le résultat serait bien au-delà de mes espérances", avance Biz, attablé dans un petit resto du Plateau.
Capté sur pellicule avec Symphonie Locass, un film de Martine Asselin et Marco Dubé de l’ONF, et présenté pour la première fois à Montréal, ce spectacle ambitieux promet d’en mettre plein les oreilles. Au menu: la présence d’une chanteuse d’opéra et l’inclusion d’une généreuse poignée de titres inédits. "En temps normal, on aurait décliné l’offre, mais comment refuser de lancer les Francos avec un orchestre symphonique?" lance Chafiik, animé. À l’origine, ça nous faisait un peu peur car il y avait beaucoup d’éléments inconnus, mais on savait que c’était réaliste comme projet. Pendant les répétitions, le feeling était exceptionnel", poursuit-il. Son collègue renchérit: "On parle souvent des textes de Loco Locass, mais la musique est aussi, sinon encore plus riche. Avec ce projet, notre musique se retrouve à l’avant-plan et c’est rafraîchissant. On dirait que les gens y portent plus attention."
Détenant le record du plus long spectacle de toute l’histoire des FrancoFolies (pas moins de quatre heures quinze!), les Loco désirent boucler la boucle en ce qui concerne l’aventure symphonique. "Ce show, ce sera le plus grandiose de notre carrière. On aime la démesure, mais on veut aussi tourner la page afin de passer à autre chose. Tout de même, je considère que le mariage du classique et du rap est le début d’une grande rencontre. Ce n’est pas la fin, mais le début de quelque chose de vraiment imposant", raconte Chafiik. Biz réplique: "Mon souhait serait de présenter ce spectacle à travers le Québec. La plupart des jeunes, comme moi, n’ont jamais vu un orchestre symphonique et ne connaissent pas la musique classique. Même si tu ne comprends pas un mot de français, le plaisir est présent parce que quelque chose se passe sur scène. Quelque chose de vraiment spécial."
ET LE SLAM?
Alors que la vague slam déferle sur le continent européen et menace de faire des ravages de ce côté-ci de l’Atlantique, les Loco n’ont aucunement l’intention de devenir "slammeurs". "On ne se voit pas entrer dans aucun mouvement particulier. Si on désire proposer des chansons a cappella, il y a toujours les spectacles. Les textes intenses, ça fait du bien, mais le mouvement slam en tant que tel ne m’intéresse pas tant que ça", précise Chafiik. De son côté, Biz, qui a participé à deux soirées Rap Maudit, voit les choses d’un oeil différent. "On revient à l’époque des poètes et des cafés et je trouve ça génial. Des gens qui se réunissent pour entendre de la parole, des mots, c’est hallucinant et ça me plaît, autant en tant qu’auditeur que participant."
Le 27 juillet à 20 h
À la salle Wilfrid-Pelletier de la PdA
À voir/écouter si vous aimez:
Kanye West et son projet Late Orchestration: Live at Abbey Road Studios
Le hip-hop
La musique classique