Oliver Jones : Encore une autre fois
Oliver Jones demeure un acteur incontournable du jazz au Québec et il se montre volubile en ce qui concerne ses nouveaux projets. Après One More Time, toujours sur la scène, il se concentre maintenant à l’écriture d’un nouveau disque. Pas près de la retraite.
La retraite ne fut pas très longue pour le pianiste, figure emblématique du jazz à Montréal. La longévité est souvent coutume dans ce créneau musical où certains interprètes vieillissent comme le bon vin. Oliver Jones a comblé les attentes des mélomanes avec One More Time l’année dernière, un disque fidèle à sa vision musicale qui s’inscrit comme un standard dans le lot des productions en tout genre. Un exercice que le pianiste répétera au mois d’août, alors qu’il prévoit déjà retourner en studio avec ses deux acolytes de la scène, le contrebassiste Éric Lagacé et le batteur Jim Doxas. "Je connais Jim depuis qu’il a 11 ou 12 ans à cause de son père, indique-t-il. Il me le ramène quelquefois, que je suis comme son second père, même Éric m’avoue ça aussi. C’est une jeunesse qui m’encourage beaucoup dans ce que je fais. Ils ont leurs idées, très contemporaines parfois. J’écoute ce qu’ils font et chaque fois je me considère très chanceux."
Une chance qu’il savoure à chaque instant et qu’il entretient avec une complicité évidente. Pas question pour le pianiste d’agir comme un patriarche du jazz. "Ils ont leur place pendant les spectacles, précise-t-il. J’aime bien solliciter l’input d’un peu tout le monde, autant dans les choix de certaines pièces que dans la sélection des standards. À trois, nous sommes capables de piger à l’intérieur d’une banque de trois à quatre mille chansons, j’exagère à peine. Chaque standard et certaines vieilles compositions sont toujours revisitées avec des idées nouvelles. Je crois que c’est à cause de ça que je me sens mieux. J’ai souvent l’impression que je n’ai jamais aussi bien joué."
Le pianiste ne renie pas ses origines musicales, qui l’ont amené à être, entre autres, un brillant accompagnateur pour maints chanteurs de renom. Son style reste ancré dans un genre très précis et mélodique, parfois aux limites du cool jazz, des improvisations tonales. "J’écoute parfois ce que font Chick Corea ou Herbie Hancock, avec cette écriture modale et toutes ces expérimentations. Ce n’est pas la même chose pour moi. Je reste attentif à qui est Oliver et aussi à ce que les gens veulent d’Oliver. Je pense que j’ai toujours le même mordant dans mon jeu et surtout je n’ai jamais perdu le swing qui le caractérise. Mais, c’est dans les ballades que je m’exprime le mieux, c’est mon vocabulaire. C’est peut-être parfois aux limites du jazz commercial, mais c’est important aussi de s’adapter en concert au genre de public qui est en face de nous. Corea ou Hancock, ils ont un public très précis; moi, je constate que ça va de 8 à 95 ans. Alors je reste attentif à l’atmosphère qui se crée et je choisis les pièces en conséquence. Le fil conducteur n’est jamais le même." L’interprète cherche encore, lorsqu’on le lui demande, la composition qui pourrait pleinement définir sa personnalité d’interprète. "J’essaie encore de la trouver, constate-t-il en riant. Je pense que la pièce Hymn to Freedom d’Oscar Peterson me représente bien. Le songbook de Gershwin aussi. Mais il y a autre chose. Avec les nouvelles compositions, je verrai bien où ça me mène."
Le 10 août à 20h30
À l’Anglicane
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