Robert Charlebois : Demain, l’été
Robert Charlebois, tout en s’assurant que les nombreuses tondeuses qui tournent autour de lui ne nuisent pas à la conversation, partage quelques réflexions au bout du fil.
Outre la tonte de pelouse, l’été est une source intarissable de plaisirs et, parmi ceux-ci, les festivals et divers concerts en plein air ne laissent pas leur place. En 40 ans de métier, le Garou original s’y connaît. Le chanteur qui sera de passage au Mondial des amuseurs publics raconte qu’à la différence des spectacles se donnant dans des salles, les prestations extérieures peuvent comporter quelques difficultés supplémentaires, des désagréments de chanter contre le vent jusqu’au risque d’avaler des mouches!
Charlebois ne se fait pas d’illusions quant aux différentes catégories de gens qui composent les publics extérieurs: "Quand tu t’adresses à un ensemble de citoyens qui ne sont pas nécessairement des fans de toi, il faut quand même que t’ailles chercher tout ce monde-là." En fait, à entendre l’auteur de Demain l’hiver, rien ne lui semble acquis. Conscient du fait que les spectateurs peuvent mettre la barre très haut, il ne cache pas le faire pour lui-même aussi: "On monte sur scène et il s’agit de faire un bon show et que les gens repartent en mangeant… le gazon autant que possible! Il faut que tu leur donnes une fête plus haute que l’asphalte qui leur est présenté tous les jours."
Que ce soit les quatre batteurs qui l’ont accompagné à sa prestation au festival Juste pour rire ou les multiples habits spectaculaires que le chanteur a enfilés tout au long de sa carrière, tout est prévu afin d’éviter de tomber dans la banalité. D’ailleurs, l’ancien brasseur le confirme en riant: "Pour pas que les musiciens dorment sur la switch, il faut toujours arriver avec une petite toune qui est inattendue, une petite surprise!"
Alors qu’il est questionné à propos de l’album sur lequel il travaille présentement, une réflexion sur l’industrie du disque s’amorce: "Aujourd’hui, les maisons de disques veulent que ça marche tout de suite au premier album. Ils ne donnent pas deux chances." Montrant beaucoup d’empathie pour les artistes de la relève, Charlebois brosse un sombre portrait de l’avenir qui pourrait attendre les jeunes créateurs: "En 2050, ce n’est plus 8000 CD par année qui vont sortir, ça va être 8 millions. C’est terrifiant et angoissant pour un acheteur de disques autant que pour le jeune qui commence!" Heureusement, les divers fous rires ponctuant ces propos annulent tout le pessimisme qui devrait s’en dégager. C’est pourquoi on se permet de sourire lorsqu’il s’adonne à d’autres sombres prédictions: "Une bonne carrière va durer 2 jours et demi tandis qu’une à la Aznavour ne durera pas plus que 60 jours… "
Bref, malgré ses 63 ans et toute l’expérience qui en découle, Robert Charlebois n’est pas en passe de devenir le parvenu moralisateur auquel certains médias ont pu faire croire. En fait, certains artistes de la relève auraient même à apprendre de lui à ce niveau. C’est dire…
Le 4 août à 22h
Scène Desjardins du Mondial des amuseurs publics
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