Sienna Dahlen : Le jazz est ailleurs
Avec Sienna Dahlen, le jazz prend une autre définition et se veut la croisée des chemins entre toutes les avenues de son imagination. L’expérimentation est au coeur de son travail et contribue à cerner sa démarche atypique.
Pour commencer, rappelons-nous ce court métrage, un dessin animé intitulé The Danish Poet réalisé par Torill Kove qui a remporté un oscar cette année. C’est dans ce projet que la chanteuse Sienna Dahlen s’est illustrée en tant qu’interprète alors qu’elle complétait ses études en jazz à l’Université McGill. Un heureux concours de circonstances qui l’influencera par la suite pour ses propres compositions. "Ce fut une grande surprise, se rappelle-t-elle. Au début, c’était un tout petit projet avec un tout petit budget. J’ai été amenée à y collaborer à cause de Kevin Dean (le compositeur de la trame sonore), qui me connaissait déjà. Je me suis vraiment prêtée à son travail. Ses idées étaient très précises et le son était déjà tout réfléchi. C’est ce qui m’a amenée à m’intéresser à la musique de la Norvège et au folklore qu’il l’entoure. Il y a des éléments dans cette musique qui la rendent mystérieuse et qui évoquent les grands espaces. C’est quelque chose que je veux intégrer dans ma musique. Tu pourrais remarquer certains phrasings qui en sont influencés. Je pense que cela a eu autant d’influence sur moi que Joni Mitchell."
Malgré les études et les projets connexes, l’interprète jazz a trouvé le moyen de faire paraître trois autoproductions depuis les quatre dernières années. Après Breathe, paru il y a un an, elle présente son tout dernier, intitulé Off the Floor. Une direction indépendante à laquelle elle souscrit tout en continuant de se perfectionner avec, entre autres, le saxophoniste David Binney, qu’elle rejoindra à New York après son passage à Québec. "J’ai très hâte de voir comment ça va se passer, avoue-t-elle. On travaillera sur la composition et les arrangements. Ça me donnera aussi l’occasion de perfectionner certaines choses en plus d’avoir des opinions franches du côté technique." Le jazz a beaucoup changé en quelques décennies et elle se montre réaliste devant les avenues qu’elle voudrait emprunter. "Pour le chant, l’improvisation demeure un complément. J’adore le scat, par exemple, mais aujourd’hui on a l’impression que le public est réticent à cette forme d’improvisation. Ça ne marche plus du tout. Pour ma part, j’ai décidé d’expérimenter autant sur la voix que sur les textes et les paroles qui forment une chanson. Il n’y a pas de frontières dans cette forme musicale. La chanteuse Christine Duncan, avec qui j’ai travaillé, en est un exemple et elle demeure un modèle en ce sens."
Guitariste et claviériste accomplie, Sienna Dahlen sera au Largo en mode quartet en compagnie du guitariste Jim Head, du bassiste Morgan Moore et de Jim Doxas à la batterie. Côté clavier, la chanteuse a un faible pour le Fender Rhodes, un instrument qui meuble à merveille son répertoire qui bascule entre la folk-pop et le jazz. "J’ai toujours aimé fusionner ces deux styles et je pense que ça marche très bien avec ma voix. C’est sûr que j’utilise moins le vibrato et que ça donne une texture plus éthérée, mais ça correspond à ma personnalité."
Le 10 août à 21h
Au Largo Resto-Club