Bad Religion : Jugement dernier
Musique

Bad Religion : Jugement dernier

Sur les rails du Warped Tour, Bad Religion fonce à pleine vapeur dans une Amérique en crise.

Après 27 ans de carrière et un quatorzième album, New Maps of Hell, lancé au début du mois de juillet, on se demande bien ce qui pourrait arrêter Bad Religion un jour. "Outre une blessure physique grave, je ne vois pas ce qui pourrait marquer la fin du groupe", assure le guitariste Brian Baker.

Reconnu pour sa haine envers l’establishment et la manière dont les États-Unis sont dirigés, Bad Religion demeure l’un des groupes punk les plus brillants de sa génération. Si plusieurs anarchistes se contentent de crier "Fuck, Bush, fuck!" sans trop développer les fondements de leur haine, le combo californien mené par le chanteur Greg Graffin (aussi professeur en sciences humaines à UCLA) a toujours articulé ses propos. "En fait, on ne s’en prend pas seulement à l’administration américaine, mais au peuple qui l’a choisie. Les chrétiens fondamentalistes, qui dirigent le pays en votant pour cette administration, croient que le jour où les Israéliens occuperont enfin leurs territoires, Jésus redescendra sur terre pour amener leur âme au paradis. C’est complètement débile", s’exclame l’ex-Minor Threat avant de préciser que, malgré son nom, Bad Religion n’a jamais été la cible de groupes religieux. "J’aimerais bien que la droite religieuse nous attaque. Ça nous donnerait l’occasion de discuter un peu. Je leur parlerais de dinosaures, de carbone 14, de l’ADN. Comment peuvent-ils expliquer que tout s’est créé en six jours!"

Lancé avant la réélection de Bush, que Baker a qualifié de "criminel malhonnête" tout au long de notre entretien, The Empire Strikes First (2004) s’attaquait directement au peuple états-unien. New Maps of Hell s’inscrit dans une lignée planétaire plus globale. On y cause de politique, mais aussi d’OGM et de biodiesel. Avec la représentation de Los Angeles sur son livret, l’effort réfère au premier opus de Bad Religion, How Could Hell Be Any Worse?, qui avait aussi des images de la ville californienne sur sa pochette. Est-ce que l’enfer est finalement pire qu’avant? "Les gens consomment de plus en plus. Cinquante pour cent des Américains ne croient pas au réchauffement climatique. On se fait la guerre pour du pétrole. L’enfer est certainement pire qu’avant."

La chaleur et la consommation font aussi partie du Warped Tour auquel participe Bad Religion. Plusieurs groupes punk, dont Vulgaires Machins au Québec, ont justement critiqué la tournée, précisant qu’elle était devenue un supermarché punk axé sur la consommation (commanditaires omniprésents, prix exorbitants de la bière et de la bouffe). "Je respecte ce point de vue. Toutefois, je crois aussi que les commanditaires ont permis à l’événement de devenir le plus gros et le plus durable des festivals itinérants aux États-Unis. Et si je me mets dans la peau d’un adolescent de 14 ans, avoir accès à 60 groupes pour une cinquantaine de dollars me semble une bonne affaire."

Le 12 août dans le cadre de la tournée Vans Warped Tour
Au parc Jean-Drapeau
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AUTRES GROUPES AU VANS WARPED TOUR

Comme à l’habitude, le Warped Tour de cette année réunit à la fois des formations pop-punk-emo comme New Found Glory ou Cute Is What We Aim For et des groupes plus agressifs (Coheed & Cambria, Poison the Well, Killswitch Engage). Parmi les figures inattendues de la tournée, nous vous invitons à jeter un coup d’oeil à la performance du rappeur canadien K-OS. Côté scène locale, The Planet Smashers, Subb, Eric Panic et Esily participeront notamment au Warped Tour, chapitre Montréal. Les spectateurs pourront aussi assister à des démonstrations de planche à roulettes et, entre autres, jouer à Guitar Hero 2 sous la tente Xbox.