CPC Gangbangs : Défonce totale
CPC Gangbangs joint les rangs du label américain Swami et renforce sa position au centre de la face sombre du rock montréalais.
Avec Mutilation Nation, leur premier album lancé à la fin juin sous étiquette Swami (Hot Snakes, Rocket From the Crypt), les rockeurs de CPC Gangbangs tentent de mettre leur nihilisme de côté et de profiter pleinement de leur talent qui les a menés à travers les États-Unis, le Canada et l’Europe.
Car si le quatuor existe depuis environ quatre ans, ses musiciens roulent leur bosse depuis une dizaine d’années, ayant fait des apparitions au sein des Spaceshits, Sexareenos, Daylight Lovers et Del Gators. Avec les Demon’s Claws et Scat Rag Boosters, cette famille méconnue de groupes montréalais, influencée par le son garage des Stooges et de MC5, a trouvé son salut via les États-Unis, où des labels spécialisés comme Sympathy for the Record Industry, In the Red et maintenant Swami les accueillent à bras ouverts. Ici: le calme plat.
Or, avec son premier album complet enregistré à divers endroits dont San Diego et Montréal (Hôtel 2 Tango), CPC Gangbangs tente de renverser la vapeur. "Pour la première fois, on a engagé une vraie relationniste de presse à Montréal", explique le guitariste Choyce (NDLR: tous les membres utilisent des pseudonymes, question de faciliter leur passage aux douanes). "C’est pas qu’on voulait éviter le Québec, mais on visait le monde. Je préférais envoyer des tonnes de démos à des labels internationaux. Les Sexareenos ont sorti des disques en Italie et en Australie, mais rien au Québec." En près de dix ans de carrière, la version vinyle de Mutilation Nation, disponible plus tard cet automne via Alien 8, sera le premier album lancé dans la Belle Province par le musicien.
Il forme CPC Gangbangs aux côtés du bassiste Symphonie Saucisse, du batteur Pedro Mad Chaos Vachon (un nom qui l’aidera sûrement à passer incognito auprès des douaniers) et du guitariste-chanteur De Polzac, aussi acteur et interprète d’un fêtard alcoolique dans le film Fubar. "Outre pour trois ou quatre gars ben défoncés devant la scène qui demandent à Polzac de faire des shotguns (technique permettant de boire une canette de bière complète en 7 petites secondes), sa présence au sein de CPC passe souvent inaperçue", commente Choyce.
Bien que le groupe n’ait aucun rapport avec le film, la vie de débauche teinte aussi l’entité CPC Gangbangs. La musique du quatuor s’abreuve d’une urgence liée au nihilisme de la vie rock sans lendemain (distorsion, alcool, dope, cigarettes, vivre à 200 milles à l’heure). Mais après plusieurs années passées dans ce tourbillon, Choyce semble en sortir. "On s’est perdu naïvement dans le rock, le chaos et la fantaisie d’une vie de défonce dans une grande ville comme Montréal. À un certain moment, tu te mets à penser que ta vie est un film tourné au CBGB en 1978. Au bout du compte, tu perds le focus. On est choyés d’avoir signé avec un label américain, de partir en tournée et d’être invités dans des festivals. Il faut maintenant profiter de notre chance. Et même si on est moins fêtards qu’avant, je peux te garantir que le groupe reste imbibé de rock."
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