25 ans de métal québécois : Noces d’argent
Le métal québécois fête ses 25 ans en organisant un festival qui rassemble sur scène des groupes d’hier à aujourd’hui. Survol historique.
À l’époque où plusieurs groupes rendaient hommage à des formations heavy métal telles que Black Sabbath, Iron Maiden et Judas Priest dans les bars de la province, un quatuor baptisé Voïvod jouait un mélange de thrash et de speed métal aux accents industriels accompagné de textes post-apocalyptiques dans un sous-sol de Jonquière. On est en 1982, et les amateurs de hard rock à la recherche de musique plus lourde achètent les disques de Metallica et de Motörhead puisque l’équivalent québécois brille encore, semble-t-il, par son absence. Puis, par l’entremise du tape trading qui fait fureur dans les années 80 jusqu’à l’arrivée d’Internet, les amateurs de musique pesante découvrent Voïvod. Il n’en fallait pas plus pour inspirer toute une génération de musiciens à suivre leur exemple.
Vingt-cinq ans plus tard, Voïvod demeure néanmoins un précurseur, étant devenu, entre autres, le premier groupe d’ici à lancer un album, War and Pain (1984), sous le label américain Metal Blade. À noter que le regretté guitariste Denis "Piggy" D’Amour sera le premier musicien admis au Panthéon du métal québécois, créé pour les 25 ans du métal.
LES ANNÉES THRASH
La décennie 80 est marquée par l’essor d’un nouveau genre musical, plus lourd, plus agressif et plus rapide que le heavy métal. C’est le thrash métal. Au Québec, les formations DBC (Dead Brain Cells), Soothsayer, The Affected, Damnation et Agression se démarquent chacune à leur façon.
DBC en lançant deux albums, Dead Brain Cells (1987) et Universe (1989), sous l’étiquette américaine Combat Records. Même s’il n’a jamais enregistré de troisième album et qu’il est beaucoup moins actif depuis 1993, le quatuor devenu trio (il n’a jamais remplacé le guitariste Gerry Ouellette, décédé en 1994) composé de Phil Dakin (basse, voix), Eddie Shahini (guitariste) et Jeff St.Louis (batterie) est monté sur scène à quelques reprises ces dernières années. Il a aussi réédité ses deux albums et lancé en 2002 le disque Unreleased, qui comprend du matériel inédit.
De son côté, Soothsayer s’est forgé une réputation enviable dans les années 80 en jouant avec des groupes comme Nuclear Assault et Kreator. Ce n’est donc pas un hasard si Galy Records profite du 25e anniversaire du métal pour rééditer le démo To Be a Real Terrorist, que le groupe de Beauport a lancé en 1986. Quant à Damnation, en plus de faire le pont entre le thrash et le death métal, il est à l’origine de l’incontournable chanson Le P’tit Poisson, popularisée ensuite par le groupe grindcore Barf.
Tandis que pour bien des gens, la première moitié de la décennie 90 est marquée par l’éclosion de la scène grunge à Seattle, les fans québécois de musique abrasive assistent à l’explosion death métal made in Québec avec des groupes comme Kataklysm, Cryptopsy, Gorguts, Agony, Démence, Hidden Pride, Neuraxis et Necrotic Mutation. Né du désir de créer une musique plus lourde et extrême que le thrash, le death métal permet à plusieurs groupes de se faire remarquer sur la scène internationale, dont Kataklysm, Cryptopsy et Gorguts, sous contrat avec Nuclear Blast, Century Media et Olympic Records.
Quand Maurice Richard, ancien gérant de Voïvod, Obliveon, Cryptopsy et aussi promoteur de spectacles, a jeté les premières bases du festival des 25 ans de métal, il y a un an, il a décidé de faire revivre l’émotion de chaque décennie en ramenant à la vie des groupes phares de chaque époque. Ainsi, DBC, Soothsayer, Damnation et The Affected tiennent le flambeau des années 80, tandis qu’Obliveon, Agony, Démence et Necrotic Mutation ramènent à la vie les années 90. "Le métal, ça ne vieillit pas", croit Sébastien Croteau, chanteur de Necrotic Mutation. "Avec Necrotic Mutation, ça faisait sept ans qu’on n’avait pas répété, et on s’est rendu compte en s’y remettant qu’on avait encore le même plaisir à jouer nos chansons", déclare celui qui fait maintenant partie des Globe Glotters.
La guitariste Pierre Rémillard consacre maintenant la majeure partie de son temps à la réalisation d’albums à son Studio Wild, mais il a aussi fait partie d’Obliveon, reconnu encore aujourd’hui pour son métal extrême, progressif et ultramoderne. Le quatuor, qui aurait pu connaître une carrière internationale si le label britannique Active Records n’avait pas fait faillite, réédite ses quatre albums sous étiquette Prodisk (disponibles le 4 septembre). "Le métal a une culture, et la tenue d’un festival comme celui des 25 ans du métal a pour but de faire découvrir à la nouvelle génération de métalleux les racines de ce qu’ils écoutent aujourd’hui."
Le 31 août: Obliveon, Necrotic Mutation, Démence, Agony et concours d’air guitar sur du métal québécois
Le 1er septembre: DBC, Soothsayer, Damnation, The Affected et intronisation du guitariste Denis "Piggy" D’Amour de Voïvod au Panthéon du métal québécois
Le 2 septembre: Negativa, Brief Respite, Empathy Denied et Descent Into Nothingness
Au Club Soda
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www.myspace.com/25ansmetalquebecois
QUELQUES DÉFINITIONS:
Heavy métal: musique lourde, rapide et complexe avec de longs solos de guitare et un chanteur aux cordes vocales polyvalentes. Exemples: Iron Maiden, Sword.
Thrash métal: plus rapide, lourd et agressif que le heavy métal. La voix du chanteur est rauque. Exemples: Slayer, DBC.
Death métal: plus agressif et méchant que le thrash avec des progressions rythmiques et narratives qui ne suivent pas le modèle couplet/refrain. Guitares accordées plus bas, batterie plus rapide et voix d’outre-tombe. Exemples: Morbid Angel, Démence.
Black métal: musique sombre caractérisée par son agressivité, sa rapidité, la voix gutturale aiguë et les textes anti-religieux. Exemples: Celtic Frost, Anhkrehg.
Grindcore: du death métal mais en plus rapide et intense avec des blast beats de batterie presque continus. La voix est grave mais les textes sont à caractère social comme dans le hardcore. Exemples: Napalm Death, Barf.