Wolf Parade : La parade des loups

Quand on le rejoint par téléphone, Spencer Krug, le chanteur et claviériste de Wolf Parade, s’excuse d’emblée de ne pas pouvoir nous faire la conversation en français. "Mon français est désastreux… Depuis que j’habite à Montréal, j’ai bien appris quelques mots, mais je crois que ça prendra encore beaucoup de temps avant que je puisse le parler correctement."

Mis à part le claviériste et bidouilleur électronique Hadji Bakara qui est d’origine américaine, tous proviennent de la Colombie-Britannique et ont élu domicile à Montréal il y a quelques années. À l’exception du guitariste et ancien Hot Hot Heat Dante DeCaro, qui s’est joint au groupe après la parution du premier album, tous résident encore dans la métropole. "Dante n’habite plus ici, il est retourné en Colombie-Britannique, mais il fait toujours partie du groupe et fait l’aller-retour plusieurs fois par année", affirme celui qui est aussi impliqué dans Sunset Rubdown, Swan Lake et Frog Eyes.

Complété par le batteur Arlen Thompson et le chanteur et guitariste Dan Boeckner (également à la tête de Handsome Furs), Wolf Parade peut donc encore être considéré comme un groupe montréalais. La question élucidée, passons aux choses sérieuses et posons la question qui nous brûle les lèvres: à quand un deuxième album? "Nous avons commencé l’enregistrement en juin, nous rassure-t-il. Il n’est pas terminé, mais presque. Nous l’avons enregistré dans notre studio situé au coin de Bernard et St-Laurent, mais la majeure partie s’est déroulée à l’extérieur de Montréal, dans une ville dont je ne me rappelle plus le nom, à environ une heure de route, chez des amis qui ont transformé une petite église en studio." Par hasard, ces amis en question ne seraient-ils pas dans un certain groupe appelé Arcade Fire, et cette ville s’appelle-t-elle Farnham? "Oui, c’est ça, exactement!"

Rappelons, pour la petite histoire, que le clan s’est justement formé un peu à l’improviste alors que Krug a été réquisitionné pour assurer la première partie d’Arcade Fire lors d’un spectacle-bénéfice qu’ils donnaient au feu Jupiter Room. C’était en 2003, soit à une époque où le projet de Win et Régine n’était connu que d’une petite clique de hipsters montréalais.

Quant au successeur de Apologies to the Queen Mary, on ne sait toutefois pas encore quand il verra le jour. "Quelque part au courant de l’année prochaine, j’imagine. Une fois que nous le livrerons à notre étiquette de disque, cela pourrait prendre plus de six mois avant qu’il soit sur le marché." Et pour ce deuxième disque, la meute fera encore équipe avec l’étiquette de Seattle Sub Pop. Contrairement au premier album, ils ont décidé de faire les choses par eux-mêmes plutôt que de confier la réalisation à Isaac Brock, chanteur de Modest Mouse, et à Chris Chandler, l’ingénieur du son en grande partie responsable de la signature distinctive de la formation menée par Brock.

Animé par un rock fiévreux où guitares et claviers se faisaient écho, un grand sentiment d’urgence et des émotions à fleur de peau, Apologies to the Queen Mary comportait des chansons écrites sur une très longue période, alors que celles de l’album à venir ont été composées en très peu de temps et dans un esprit de plus grande collaboration entre les membres. Il en résulte, aux dires de Krug, une oeuvre qui fait preuve d’une plus grande cohésion. "Je dirais que de manière générale, nous avons laissé aller les choses plus naturellement, et le résultat est plus relax. Il y a plus d’espace dans les pièces et elles respirent mieux. Je les trouve plus honnêtes. Je pense que ce que fait le mieux Wolf Parade, c’est du rock, donc ce sera tout simplement un album rock."

Les attentes des fans sont grandes, mais le groupe ne semble pas trop s’en faire: "Notre premier album est paru il y a deux ans et les chansons avaient été écrites bien avant. Nous avons longtemps été en tournée puis avons cessé toute activité durant presque un an pour nous consacrer à nos autres projets. En plus, beaucoup de choses ont changé dans les vies personnelles de la plupart d’entre nous. Bref, le premier album nous semble si lointain que nous avons l’impression de repartir sur des bases nouvelles. Et j’imagine que c’est la même chose pour les fans et qu’ils comprendront si on ne répète pas exactement l’expérience du premier disque." Eh bien, ce nouveau départ, nous l’attendons de pied ferme.

Les 24, 25, 26 et 27 août
À la Sala Rossa
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