Animal Collective : Pet Shop Boys
Toujours là où on ne l’attend pas, Animal Collective persiste à faire les choses autrement.
Plus ça change, plus c’est pareil? Pas dans le cas du drôle de groupe qu’est Animal Collective. Atypique autant dans sa façon de travailler que dans celle de concevoir un album, une tournée, un label (son étiquette Pawtracks Records) et même la notion d’un "groupe" comme tel, le collectif de pop avant-gardiste new-yorkais cherche avant tout à se déstabiliser avant de déstabiliser l’auditeur.
Être là où on ne les attend pas, surprendre, éviter les répétitions et les redondances; une loi non écrite à laquelle Avey Tare (Dave Portner), Panda Bear (Noah Lennox), Geologist (Brian Weitz) et Deakin (Josh Dibb) tiennent mordicus. "Jusqu’à un certain point, c’est plus important pour nous que pour le public", précise Josh Dibb au bout du fil. "On ne veut surtout pas s’emmerder ou avoir le sentiment de se répéter, ça nous rend impatients. Si, par exemple, on a l’impression que nous avons déjà exploré tel ou tel territoire musical, on rejette l’idée que nous sommes en train de développer pour nous attarder à une autre, plus originale et encore vierge. C’est le son, l’énergie ou le style de certaines chansons que nous cherchons constamment à renouveler. Nous ne travaillons pas toujours de la même manière. Ça dépend des idées qui sont proposées. Des fois, quelqu’un peut arriver avec un loop assez intéressant pour qu’on construise une chanson autour, ou alors une mélodie, un riff, et même quelquefois, quelqu’un propose une chanson déjà toute faite… C’est très varié. Mais depuis quelque temps, c’est un peu plus compliqué parce que Noah vit maintenant à Lisbonne, au Portugal, et que Brian est établi à Washington D.C., alors que Dave et moi demeurons toujours à New York."
Planifier, mais pas trop. C’est ainsi que la bande à géométrie variable opère depuis ses débuts, en 2000, et ce n’est pas aujourd’hui qu’elle va changer. La plupart des disques d’Animal Collective, ou tout ce que les divers musiciens du collectif ont pu faire sous d’autres noms, sont donc vraiment différents les uns des autres. À preuve, ce nouvel effort (le 4e sous le vocable Animal Collective), Strawberry Jam, qui est un joli foutoir de pop électro-organique pouvant faire penser au Brian Eno du début des années 70, en plus bordélique. "Ah, c’est gentil…, mais je ne connais pas Brian Eno, s’excuse Josh. Strawberry Jam est un album très immédiat, un peu rude. On voulait faire un disque non pas agressif dans le ton, mais plutôt agressif dans sa substance, quelque chose de plus cru. C’est un disque plus ouvert, mais aussi plus minimal et plus simple. C’est un album qui nécessite une écoute attentive, mais tout est à sa place, chaque son peut te bondir en pleine face. Ce n’est pas un tout bien uniforme, c’est plus disparate… Et c’est le procédé que nous avons utilisé pour les deux ou trois derniers disques".
Fidèle à ses habitudes – et à l’instar de The Fall, un autre groupe d’iconoclastes, Animal Collective ne viendra pas présenter les chansons de son nouvel album puisque le groupe l’a déjà fait au cours des deux dernières années. Le public aura plutôt droit aux pièces qui se retrouveront sur le prochain effort de la bande. Et encore, ces chansons risquent d’être largement modifiées d’ici là. Ainsi, la tournée qui amènera le groupe en ville dans le cadre du MEG se fera sans Josh, qui prend une pause "vacances-travail"… "J’ai beaucoup travaillé sur les albums Campfire Songs, Here Comes The Indian et, récemment, Strawberry Jam, donc j’ai donné beaucoup de spectacles avec les autres musiciens, mais la tournée actuelle concerne le futur album, et là, je suis beaucoup moins impliqué. C’est toujours comme ça qu’on a fonctionné." Quand on vous dit qu’Animal Collective persiste à faire les choses autrement…
Le 6 septembre dans le cadre du MEG
Au National
À voir/écouter si vous aimez
Brian Eno pré-ambiant
Caribou
Pere Ubu