Franz Schuller : Avec le temps, on résiste
Engagé et militant, Franz Schuller s’applique à exercer ses convictions sur scène avec GrimSkunk et applique une direction artistique conséquente pour Indica Records. C’est le temps de souffler avec eux les 10 bougies d’indépendance de cette entreprise collective.
Il serait naturel de se questionner sur la pérennité du groupe GrimSkunk. Après les quelques transformations d’usage survenues au sein de ses membres, Fires under the Road confirme tout le mordant que la formation est en mesure d’endosser – certains diront avec beaucoup plus de cohérence – et la venue du bassiste Vincent Peake a insufflé au groupe une nouvelle énergie que Franz Schuller ne peut se permettre d’ignorer. Sur la route vers Kingston, à la veille de souligner les 10 ans de l’étiquette de disques indépendante Indica dont il est le directeur artistique, le chanteur original de GrimSkunk trouve encore le temps de se commettre sur scène pour donner le ton à cette seconde naissance pour la formation montréalaise. "Avec Fires under the Road, le ton s’est durci, admet-il. On laisse place à la réflexion, oui… Mais c’est aussi une réponse viscérale. Quand Stephen Harper et ses amis se rencontrent lors d’un sommet pour faire croire aux gens qu’ils sont en train de dialoguer sur des grandes questions, tout en riant des manifestants qui défendent l’environnement, c’est une vraie joke! Moi, quand je me retrouve en face d’une telle connerie, c’est un coup de poing dans la face que j’ai le goût de donner. C’est une réaction humaine que j’assume et j’ai le goût de me battre. GrimSkunk, c’est le meilleur outil que j’ai pour fesser. Peut-être que dans cinq ans ce sera autre chose? Peut-être que je me mettrai à faire dans le style Peter Gabriel? Pour l’instant, c’est un autre feeling que je ressens."
Malgré tout, le chanteur meuble son agenda en fonction de ses tâches au coeur d’Indica, l’étiquette de disques fondée en 1997 en parallèle avec GrimSkunk. L’entreprise s’est rapidement édifiée comme un fief pour la musique alternative québécoise et s’est ouverte au succès avec DobaCaracol, Les Trois Accords et Vulgaires Machins. "On reste toujours attentifs à ce qui est le meilleur pour eux, explique-t-il. C’est un partnership et on travaille en équipe. Des fois, on est très utiles, et peut-être que dans d’autres occasions on nuit. Il y en a qui ont décidé de continuer ailleurs, comme les Cowboys Fringants et Freeworm. Pour nous, c’est l’occasion de se remettre en question. En ce moment, avec les Vulgaires Machins par exemple, on a vraiment le sentiment d’avoir des artistes qui correspondent au discours et à la philosophie d’Indica; on ne voudrait pas qu’ils aillent ailleurs."
Malgré ces associations positives avec les Vulgaires Machins ou Xavier Caféïne, Franz Schuller reste critique par rapport à la scène québécoise, qu’il considère ancrée dans une mentalité marketing parfois ridicule et aliénante. "C’est tannant de voir les gens sauter sur ce qui est hype du jour au lendemain. Comme si Patrick Watson et Arcade Fire déterminaient la seule réalité musicale de Montréal. Get over it! Il y a toujours ce cercle vicieux qui s’installe et on fait preuve d’un manque d’objectivité. Je n’ai rien contre le travail de ces artistes ou le vôtre, mais il n’y a pas que ça. J’ai l’impression que cette hype pose des lunettes fumées sur les yeux des critiques et que soudainement on ne se permet plus de voir les choses comme elles sont. On demeure dans le buzz à la mode et on occulte le reste."
Le 7 septembre à 20h30
Avec The Heights, Xavier Caféïne et Vulgaires Machins
Au Centre Expo Sherbrooke