Manu Militari : Seul au combat
Manu Militari a fait tourner les têtes l’an dernier à la suite de la parution d’un premier album aux rimes incisives. Poursuivant son âpre combat, il se prépare à remonter sur scène.
D’abord attiré par la décadence de la scène métal américaine, Manu Militari décide d’empoigner le micro lorsqu’adolescent, il découvre l’énergie dévastatrice du Wu-Tang Clan. "Tu sais, à l’époque, je ne comprenais pas vraiment l’anglais, mais il y avait quelque chose qui venait me chercher au plus profond de moi. Le premier texte hip-hop que j’ai écrit ressemblait à quelque chose comme "Fuck you, motherfucker!" Mais progressivement, j’ai découvert qu’il y avait une possibilité de dire des choses et de dénoncer avec cette musique", raconte le M.C. montréalais.
Depuis ce temps, Manu n’a jamais cessé d’afficher ses couleurs. Grand vainqueur du concours Hip Hop 4 Ever en 2003 avec son groupe Rime Organisé, il récidivait avec un premier disque solo l’an dernier, Voix de fait. Percutant, catalyseur de révolte et nourri de textes sombres et lucides, l’opus témoignait d’une ouverture d’esprit remarquable et d’un désir de lutter farouchement contre les maux de notre société.
Fin observateur du quotidien et auteur d’un rap de rue sans concession, loin du bling-bling ambiant, le jeune homme estime que le professionnalisme manque cruellement aux artistes d’aujourd’hui. Profondément authentique et intègre, jamais il n’a laissé planer de doute sur sa philosophie. "Je suis très rigoureux et exigeant envers moi-même. Je ne le cache pas. Même si le hip-hop n’est pas ma culture première, depuis le début, je tente de respecter certaines règles que beaucoup d’artistes transgressent. Ce qui manque aujourd’hui, c’est de la crédibilité, une direction artistique précise. Il y a un manque flagrant de sérieux et de cohésion dans l’approche musicale des rappeurs. Pour moi, faire les choses dans les règles de l’art était primordial", affirme-t-il avec véhémence.
À l’heure où la scène hip-hop se cherche une identité propre, le M.C. au franc-parler se contente de se laisser guider par ses convictions profondes en ne négligeant pas le pouvoir rassembleur et créatif du rap. "De nos jours, j’ai l’impression que les gens qui écoutent du rap ont envie d’en faire. Il y a quelque chose de contagieux là-dedans. Quelque chose qui te donne le goût de t’exprimer et de faire valoir ton point de vue. Tout le monde veut être artiste, et on s’influence du travail des autres, mais malheureusement, on oublie de développer son propre style. On a de la difficulté à se faire entendre ici, mais il faut continuer à se battre pour que notre voix s’élève." Une incitation à ne jamais baisser les bras malgré l’adversité.
Le 2 septembre à 20h avec Ale Dee, Cobna, Mic Life et BMC
Au Café Campus
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