Sixtoo : Peau neuve
Le Montréalais Sixtoo délaisse un instant les échantillonnages et refait surface avec un nouvel album dense et sombre.
Pas évident de suivre Robert Squire, alias Sixtoo, à travers ses multiples métamorphoses et innombrables projets. Après avoir fait paraître un maxi éclaté (It’s The Mindfuck, Yo!) l’an dernier, le Montréalais d’adoption s’apprête à lancer son oeuvre la plus expérimentale à ce jour, Jackals and Vipers in Envy of Man. Un compact agressif, voire abrasif, qui suit les traces de son Antagonist Survival Kit paru en Europe il y a quelques années tout en reflétant l’énergie de ses prestations des dernières années. "Lors de l’élaboration de ce disque, je venais de mettre sur pied un nouveau projet de groupe (Megasoid). Beaucoup d’éléments qui étaient conçus, à l’origine, pour ce projet ont été intégrés à l’album. Il faut aussi dire que j’ai perdu une énorme quantité de fichiers. J’ai donc changé radicalement la façon d’utiliser les échantillonnages et décidé de produire un disque essentiellement constitué d’enregistrements en direct. C’est mon projet de copier-coller en quelque sorte", explique le beatmaker de 32 ans.
Enregistré et compilé comme une sorte de mixtape bâtard, Jackals… étonne par sa dureté sonore et son urgence. Reconnu pour ses talents de M.C., l’ancien partenaire de Buck 65 a préféré, cette fois-ci, se concentrer sur sa dextérité de rat de studio et délaisser quelque peu ses racines hip-hop. "Si, en tant qu’auditeur, je m’intéresse encore au hip-hop, en tant que compositeur, ça ne me stimule plus tellement. Au cours des deux dernières années, j’ai développé mon éthique de travail en matière de production, mais j’ai négligé l’aspect écriture. C’est évident que je suis beaucoup plus intéressé à m’investir du côté de la technique et de la programmation qu’à m’installer à mon bureau et à écrire des chansons rap", raconte-t-il avec véhémence.
Alors que le cinématographique Chewing on Glass and Other Miracle Cures, son précédent opus paru chez Ninja Tune en 2004, déroulait une longue liste de collaborateurs, ce nouveau-né comportant 13 morceaux sans titres n’en renferme aucun. "J’étais arrivé à un point dans ma carrière où j’avais un réel besoin d’étaler mes idées et de bosser seul. Je devrais faire paraître un maxi bientôt sur lequel on retrouvera des extraits plus accessibles et vocaux qui ressembleront à mon travail avec Megasoid et qui viseront le plancher de danse. Avouons-le, Sixtoo s’écoute davantage avec des écouteurs sur la tête que dans un club bondé!"
En accélérant le tempo, Squire pousse ses beats relevés dans une tout autre direction sur cette nouvelle collection à la fois minimale et complexe, mélancolique et angoissante. Pas surprenant que sur son blogue, le gentil géant mentionne que Jackals… nécessite une quantité d’énergie phénoménale de la part de l’auditeur. "Je voulais m’éloigner des standards classiques des disques d’auteurs-compositeurs et modeler à ma guise des pièces déjà existantes tout en évitant la facilité. Je ne le cacherai pas, c’est un disque de montage sonore beaucoup plus dur et exigeant que les précédents, qui nécessite un effort supplémentaire de la part de l’auditeur. Mais je suis convaincu que s’il se donne la peine de tendre l’oreille, il sera grandement récompensé."
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