Je suis tombé un soir sur We Are Wolves alors qu’ils jouaient à la Sala Rossa, il y a de cela plusieurs années. Sans doute un de leurs premiers concerts puisque le band n’avait pas encore d’album. J’ai tout de suite été pris par la musique du groupe (alors un duo si je me souviens bien). "Enfin! me suis-je dit. Enfin un band local qui a le son et l’attitude, qui a les références et qui les utilise de la bonne façon, sans plagier." Un esprit punk-rock/new-wave typiquement 1977, une musique empruntant autant à Suicide/Alan Vega qu’à certains groupes de la vague no-wave new-yorkaise de la fin des années 70, avant que ça ne redevienne cool et branchouille. Aujourd’hui, We Are Wolves sont peut-être victimes de leur succès, entraînant à leurs trousses une horde de fashion victims, mais qui les blâmera? On ne choisit pas son public et, tout compte fait, on est bien heureux qu’un public les ait choisis.
Après un premier album de facture très D.I.Y. en 2005, Non stop je te plie en deux qui en a surpris et séduit plus d’un malgré son côté un peu brouillon (disque qui les a d’ailleurs menés un peu partout à travers le monde sauf qu’on en a très peu parlé, contrairement à d’autres groupes qu’on ne nommera pas), le trio électro-punk récidive avec Total Magique, cette fois-ci sous étiquette Dare To Care. Finie l’aventure Fat Possum, donc.
Première constatation: la qualité de la production. C’est ce qui saute aux yeux (aux oreilles plutôt) dès le premier tour dans le lecteur laser. Autrement, c’est toujours We Are Wolves, mais en mieux finalement. Écoutez l’excellente Coconut Night pour vous en convaincre. Un brûlot que n’auraient pas renié des groupes comme Subway Sect, Gary Numan ou Adam & The Ants avant le virage grand public. "On a simplement eu plus de temps pour faire ce disque, pour réaliser les idées qu’on avait", explique Vincent Lévesque. "Pour le premier disque, c’était de l’apprentissage puisque nous n’avions jamais été en studio auparavant. Cette fois-ci, on savait où on s’en allait et ça s’entend!" Et ça se voit même, puisque la pochette est elle aussi beaucoup plus élaborée que pour le premier effort du groupe montréalais. Total Magique est-il finalement le véritable premier album de We Are Wolves? "Exactement! Le premier disque, on l’avait fait pour le fun de le faire. Mais les gens qui travaillent autour de nous, nos amis, tous considéraient Non stop je te plie en deux comme un démo plutôt que comme un véritable album", avoue le claviériste et quelquefois batteur de la formation. "Finalement, ils avaient ben raison, c’était vraiment juvénile. En plus, on a appris à jouer et à composer avec le temps. Total Magique reste un album autoproduit et ça demeure tout de même encore un peu juvénile et naïf, d’une certaine façon. Je ne pense pas que nous abordions la musique comme des musiciens mais plutôt d’un point de vue artistique et sensitif: est-ce que le feeling est là ou s’il n’y est pas?" Il y est, totalement.
We Are Wolves
Total Magique
(Dare To Care / Outside)
Le 20 septembre avec Pas Chic-Chic à 21h
Au National
À voir/écouter si vous aimez /
Alan Vega, Cassandra Complex, Clinic