Andrew Bird : Le petit oiseau de toutes les couleurs
Andrew Bird partage avec nous les subtilités de son art en technicolor.
Drôle de moineau que ce monsieur Bird. Oiseau moqueur, il aime taquiner l’auditeur avec des vignettes limite délirantes. Ses mélodies entêtantes sont le produit de croisements fantastiques entre vieux jazz, folk follet, musiques orientales et que sais-je encore. Son parc à instruments ne serait pas le même sans un violon et un glockenspiel. Mais ce n’est pas tout: le musicien est aussi un siffleur doué, qui ferait rougir d’envie Roger Whittaker lui-même.
Or, il faut savoir que ce talent particulier ne sert pas qu’à épater la galerie. Quand on lui demande quel instrument lui sert de sage-femme au moment de la naissance de ses chansons, notre multi-instrumentiste répond: "Ça passe généralement par le sifflet alors que je marche tout bonnement dans la rue. Je crois que l’écriture la plus féconde n’implique aucun instrument musical traditionnel, poursuit-il. En prenant un instrument, vous êtes immédiatement influencé par sa géométrie: la place des doigts sur les frettes, et ainsi de suite."
Andrew Bird admet cependant recourir à la guitare de plus en plus souvent. "Je me dis qu’il y a bien une raison pour laquelle la six cordes est un outil de création aussi répandu. Mais je ne connais que quelques accords, alors mon approche demeure rudimentaire."
S’il nous présente ces jours-ci son plus récent album, Armchair Apocrypha, Andrew Bird s’amuse également à revisiter du matériel pondu à ses débuts. "Lorsque je reprends une de mes vieilles chansons, je fais comme si elle avait été écrite par un autre. Ça me donne une grande liberté", explique le musicien. Cette liberté pousse Bird à remanier même ses morceaux les plus nouveaux: "Quand je finis un disque, je ne me demande jamais: comment vais-je faire pour recréer ça sur scène? La question qui se pose est plutôt: dans quelle direction peut-on pousser cette musique?"
Les musiciens qui travaillent avec Bird entendent les choses de la même oreille. De fait, ce dernier ne collaborerait jamais avec des gens qui se contentant d’exécuter platement leur partition. "J’ai besoin de créatifs, confirme-t-il. Les deux gars avec qui je suis en tournée présentement, le batteur et claviériste-platineur Martin Dosh et le bassiste-guitariste Jeremy Ylvisaker, préconisent une approche expérimentale. Ils aiment créer des sons. Sur scène, on place d’ailleurs un micro ouvert qui sert à accueillir n’importe quelle sonorité qui nous passerait par la tête."
Et y a-t-il encore des bruits dans la tête d’Andrew Bird qu’il n’a pas encore été possible de faire éclore? "Hmmm… C’est une question intéressante, répond notre interlocuteur. Pas vraiment, à bien y penser. Quand j’entre en studio, j’ai une idée précise de la façon dont les instruments devraient "sonner". Le défi consiste alors à concrétiser cette idée. Cela dit, j’aime beaucoup le son de 12 violoncellistes jouant pizzicato. Ça, c’est très difficile à recréer. J’aimerais bien y arriver et je pense que je saurai comment m’y prendre." Nous serons tout ouïe…
Le 26 septembre
À La Tulipe
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