Coeurs souligne-t-il les retrouvailles de Jérôme Minière avec Jérôme Minière? Depuis le Petit cosmonaute, paru en 2002, l’auteur-compositeur français, établi au Québec depuis plusieurs années, s’était volontairement "égaré" dans toutes sortes de projets. L’épisode Herri Kopter de 2004, puis le travail effectué sur le magnifique album La fin du monde, de Michel Faubert, étant chose du passé, Jérôme avait-il hâte de retrouver Jérôme? "J’ai mis du temps, lance-t-il en rigolant. L’année dernière, je ne me suis consacré qu’à l’album; un long travail d’écriture qui m’a fait du bien. C’était un peu comme des vacances".
Coeurs est un album étonnant. Ça reste du Jérôme Minière, soyez rassuré, mais sur ce disque, le musicien, aujourd’hui père de deux jeunes enfants, n’a pas peur de révéler ses sentiments, de se mettre à nu en quelque sorte. "Coeurs est une continuité avec Petit cosmonaute, même si ce n’était pas forcément le but. Le but était surtout de prendre des vacances d’Herri Kopter, donc j’ai coupé tous les liens qui pouvaient avoir rapport à ce projet-là. Herri Kopter, c’était un truc conceptuel, et pour Coeurs, l’idée était de partir de rien, de ne pas avoir d’idées préconçues et de juste laisser venir les choses. C’est un disque que j’ai voulu plus simple. Ça peut paraître cliché comme formule, mais je tenais à aller à l’essentiel, sans trop de fioritures et sans fausse pudeur."
Sans fioritures? Pourtant, Coeurs est un album beaucoup plus orchestré que les précédents, avec une instrumentation plus élaborée (cuivres et cordes multiples, dobro, ukulélé, harmonium, piano…). "C’est vrai que ce disque est beaucoup plus orchestré que les autres, mais quand je dis sans fioritures, c’est plutôt dans l’approche. Je ne cherchais pas à me cacher derrière un quelconque concept", explique l’ex-petit cosmonaute avant de faire une pause puis de reprendre: "Tu sais, je suis quelqu’un d’assez cérébral, et dans mes disques, les premiers surtout, je disais souvent des choses horribles sur un ton très neutre et froid. Depuis, avec le temps, j’ai cherché à mettre du coeur, à être dans l’émotion, à oser aller dans des zones plus émotives sans devenir Céline Dion. Coeurs est un album simple, sans idées préconçues. J’ai voulu aller chercher des petites particules de vie."
Sur ce nouvel effort, Jérôme Minière n’a pas seulement ouvert son coeur; il a ouvert ses bras en accueillant différents musiciens dans son petit monde intime: Guido Del Fabbro, René Lussier, Mélanie Auclair (Magnolia), Marie-Josée Frigon ne sont que quelques-uns des noms qu’on retrouve sur Coeurs. "Ça aussi, ça fait partie du processus. Comme j’avais un peu plus confiance en moi-même dans mon travail, je me suis mis à avoir plus confiance envers les autres et j’ai ouvert un peu plus les fenêtres. De travailler avec des gens de l’extérieur m’a fait vraiment du bien, ça valait le coup. Pour les concerts cependant, on va aller à quelque chose d’encore plus simple. On va faire un show à quatre, plus rock finalement. Comme les chansons de l’album ont surtout été construites à partir d’une simple guitare ou d’un piano, je ne crois pas que nous aurons de la difficulté à adapter le disque pour la scène". Pas de doutes, Jérôme Minière prend les choses à coeur.
Jérôme Minière
Coeurs
(La Tribu/Select)
À écouter si vous aimez /
Dominique A, Bertrand Burgalat, Michael Furnon