Nick Lowe : Coeur de rocker
Musique

Nick Lowe : Coeur de rocker

Pour son premier concert à Montréal depuis un quart de siècle, le vétéran Nick Lowe montera sur la scène du Club Soda seul avec sa guitare. À son âge? Pourquoi pas?

"Les gens s’étonnent que j’aie donné ce titre à mon nouvel album (At My Age), lance le Britannique Nick Lowe. Je voulais ironiser sur le fait que la figure du rocker vieillissant provoque encore une sorte de malaise. On ne s’étonne pas de voir de vieux jazzmen ou de vieux bluesmen continuer leur carrière, mais le public ne s’habitue pas encore aux vieux rockers." La voix au bout du fil est pétillante, presque jeune, le ton posé, mais jamais sentencieux.

Bien qu’il frise la soixantaine, l’ex-leader du groupe Brinsley Schwarz n’est pas incommodé par son statut d’aîné sur une scène musicale qui ne jure que par la jeunesse. Il ne s’enorgueillit pas non plus du fait qu’on le considère comme un précurseur du mouvement punk, lui qui a produit les premiers enregistrements des Damned, des Pretenders et d’Elvis Costello en plus de signer certains des titres les plus importants de la période new wave. "Je ne me suis jamais considéré comme un punk, je n’ai même jamais aimé le punk", de confesser Lowe dont l’attachement aux racines du rock’n’roll a pourtant exercé une certaine influence sur les Sex Pistols et autres anarchistes musicaux de la scène du milieu des années 70. "Je me suis mouillé dans ce mouvement parce qu’il venait de la base, qu’il damait le pion aux patrons des grandes compagnies de disques. J’aimais dans le punk l’odeur du mauvais coup. Ce que j’appréciais moins, c’est qu’il devienne prétexte pour que des gens sans talents montent sur scène y gueuler des insanités. Par bonheur, j’ai toujours travaillé avec d’excellents musiciens."

S’étonnera-t-on que Lowe, qui puise désormais son inspiration à une source où le rock se mêle au soul et au country, s’avoue assez peu branché sur le rock actuel, qu’il trouve ennuyant? Il déplore cependant que les majors ne fassent plus leurs devoirs à l’égard des nouvelles générations. "Autrefois, les compagnies de disques encadraient leurs jeunes artistes, contribuaient à leur évolution, les provoquaient, les stimulaient. Aujourd’hui, on les exploite, on les pousse à produire tant qu’ils ont un potentiel commercial, puis on les abandonne aussitôt le citron pressé, au profit de la nouvelle saveur du mois."

Sans sombrer dans le lamento nostalgique, sans non plus renier un passé marqué au sceau des excès de tout acabit, Lowe se rappelle avec fierté ses débuts au sein de Brinsley Schwarz, alors que ses comparses et lui apprenaient leur métier dans les pubs enfumés, sur la route. Ce sont ces expériences qui teintent aujourd’hui l’oeuvre du songwriter à qui l’on doit (What’s So Funny ‘Bout) Peace, Love and Understanding?, véritable standard du rock contemporain. Voilà les fruits de la maturité acquise au fil de ces tournées dont l’intérêt, à l’époque, était parfois moins lié au concert qu’à l’après-concert… "Même si c’est fatigant à cause des voyagements, j’aime encore tourner et me produire en concert; évidemment pas pour les mêmes raisons qu’avant, rigole Nick Lowe, la voix pleine de sous-entendus licencieux. C’est normal, à mon âge…"

Le 22 septembre avec Teddy Thompson
Au Club Soda
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