Beirut : Des Balkans aux Cantons-de-l'Est
Musique

Beirut : Des Balkans aux Cantons-de-l’Est

Leader de Beirut, Zach Condon nous parle du marché qu’il a fait avec sa maison de disques, de sa passion pour la France et d’une église… à Farnham.

En concert au Pop Montréal l’an dernier, Beirut avait offert une prestation fort poignante. Combinée à des racines folkloriques des Balkans, l’urgence lyrique des pièces de Gulag Orkestar (2006) avait soulevé la foule attroupée au National. Une fois le spectacle terminé, on avait d’ailleurs vu les membres du combo rigoler avec quelques troubadours d’Arcade Fire. C’était en octobre 2006, quelques semaines avant que le jeune chanteur et principal compositeur de Beirut, Zach Condon, pète les plombs et annule le restant de la tournée.

"Je ne savais plus comment dealer avec une pression de plus en plus intense, raconte-t-il. Je n’avais jamais été aussi occupé de toute ma vie. Le seul moyen que j’ai trouvé pour m’en sortir fut de me sauver. J’ai quitté New York pour retourner au Nouveau-Mexique où je me sentais plus confortable."

Originaire d’Albuquerque, le musicien de 21 ans a alors proposé un marché à son étiquette de disque (Ba Da Bing!): la paix contre sa lucidité et un album. "Je leur ai demandé de ne pas me téléphoner et de ne pas m’envoyer de courriel pendant six mois. En échange, je leur ramenais un nouveau disque."

Il a ainsi profité de l’hiver pour composer The Flying Club Cup, en magasin le 9 octobre. Disque où les mandolines, ukulélés, cuivres et orgues transcendent toujours l’ambiance des Balkans, il réfère tout autant à la veille France, notamment dans les textes (La Banlieue, Un dernier verre, Cherbourg) et les jeux de piano et d’accordéon. Une tendance révélatrice d’une fascination qu’éprouve Zach envers l’hexagone. "Depuis mon adolescence, je rêve d’être francophone. J’écoutais des films français avec les sous-titres en anglais pour apprendre. À 16 ans, j’ai passé 6 mois en France (Condon avait quitté l’école pour voyager à travers l’Europe). Sur ce disque, j’ai voulu capturer le romantisme sans retenue des Français, leur surdramatisation des choses anodines et le côté rêveur de ce peuple qui ne refoule pas ses émotions."

En plus d’enregistrer l’album avec les 9 musiciens de Beirut à Albuquerque, Zach s’est rendu, ce printemps, à 65 km de Montréal. Il a passé deux semaines à La Petite Église de Farnham (aussi appelée Masonic Church Studio et propriété d’Arcade Fire) afin de mettre la touche finale au compact. Il y a retrouvé Owen Pallett, de Final Fantasy, qui joue sur Flying Club Cup. "Je vivais dans l’église. Comme un rêve de musicien devenu réel, l’endroit est bourré de vieux instruments: pianos, harpes et orgues de toutes sortes. J’y ai mangé beaucoup de poutine. J’essaie d’ailleurs de prendre l’accent québécois quand j’en commande une", explique celui qui parle un français hésitant.

Décidément, la relation entre Beirut et Arcade Fire mène à plusieurs échanges. "Notre trompettiste (Kelly Pratt) nous a quitté pour joindre Arcade, et Win Butler est récemment venu chanter lors d’un de nos concerts new-yorkais."

Et puisque sa formation donnera trois concerts en trois soirs à Montréal, Zach prévoit rester à l’appartement de Win et Régine Chassagne, présentement en tournée aux États-Unis.

Les 28, 29 et 30 septembre
À la Sala Rossa
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À écouter si vous aimez
Jacques Brel, Kocani Orkestar, Yann Tiersen