Bionic : Bionic ta mère
Musique

Bionic : Bionic ta mère

Là où Bionic passe, l’herbe ne repousse pas.

Bionic, c’est un Panzer de 20 tonnes, noir mat, têtes de mort rouge sang étampées sur sa carlingue criblée de balles, piloté par une bande de fous furieux sous acide cheap coupée au speed. Le commandant, un chauve au regard halluciné avec une longue barbe rousse, fait cracher une fumée noire des moteurs de la bête d’acier qui fonce vers l’enfer. Stalingrad, Berlin, Montréal brûlent. Bionic exulte.

C’est une image, un cliché, très rock. C’est le genre d’évocation que provoque Bionic. En fait, la première chose qu’on se dit en écoutant ce groupe, c’est "comment ces gars peuvent-ils jouer aussi fort?" Depuis ses débuts en 1997, le combo hard-rock/punk montréalais se fait un devoir de pousser ses amplis – et les limites auditives de son public – à bloc. Que ce soit sur son premier album éponyme de 1998, sur l’acclamé second effort Deliverance de 2002 ou sur le tout récent Black Blood (paru sur la toute nouvelle étiquette de Ram, Signed by Force), Bionic arrache, décape, pulvérise.

"C’est Black Flag qui m’a donné le goût de faire de la musique. C’est de leur faute si je joue aussi fort, précise Jonathan Cummins, chanteur et l’un des deux guitaristes de la formation. "C’est stupide, mais c’est pour moi la meilleure façon de m’éclater. J’aime quand la musique est physique, j’aime jouer vite et fort… même si ce n’est pas trop de mon âge", rigole le rockeur quarantenaire et journaliste au Montreal Mirror plus souvent qu’autrement.

"La différence entre cet album et le précédent? Je dirais surtout que c’est l’absence de Ian Blurton. Nous avons volontairement fait l’effort de nous éloigner le plus possible de certains clichés rock sur ce disque. Y’a un peu de free jazz freakout à la Stooges-Hawkwind à la fin de la dernière chanson, y’a le segment avec les cheerleaders, y’a des éléments de Devo que personne ne percevra… J’essaie de revenir à cette période où le rock’n’roll était une vraie forme d’art et non un ramassis de clichés", lance le chanteur et guitariste qui a aussi joué avec les Besnard Lakes en plus de réaliser plusieurs albums de groupes locaux, notamment le tout récent premier effort des Hot Springs. "On est nos pires ennemis. On est trop rock pour les amateurs de hardcore et trop hardcore pour les amateurs de rock; on est comme pris le cul entre deux chaises, mais nous sommes plutôt fiers de Black Blood, et j’espère que nous avons réussi à faire quelque chose de stimulant et provocateur. Je pense qu’on prend des risques sur ce disque alors que la plupart des groupes de rock n’en prennent plus: ils suivent la formule. C’est un bon moment pour un disque comme ça à Montréal. À part les Dirty Tricks, CPC Gangbangs, Besnard Lakes et quelques autres groupes, Montréal semble être pris dans un excès de pop engendré par la tornade Arcade Fire, et on dirait qu’il n’y a rien d’excitant en ce moment. Y’a trop de hype, trop de fashion; je crois que les kids ont envie d’autres choses".

Le 4 octobre avec Lotus Land, Starvin’ Hungry et Trigger Effect
Au Petit Campus

À écouter si vous aimez /
Black Flag, Motörhead, MC5