Caribou : Des chiffres et des notes
Caribou débarque au La Tulipe avec ses deux batteries et l’album Andorra sous le bras, l’un des disques pop les plus foisonnants de l’année.
Le Canadien Dan Snaith, alias Caribou et ex-Manitoba, s’est exilé à Londres il y a six ans pour compléter un doctorat en mathématiques. Il y a quelques semaines, il lançait Andorra, un album pop sixties magnifique où le riche équilibre entre psychédélisme et mélodies planantes est digne de celui des Beatles, des Zombies ou des Byrds. Vous en connaissez beaucoup des musiciens aux compositions acidulées capables de vous expliquer pourquoi p = 3.14159265358979323846?
Pis encore, bien que son spectre sonore soit aussi large qu’aéré, Andorra n’a pas été enregistré dans un vaste studio comme Abbey Road, mais par Snaith, en solo, dans une pièce grande comme votre salle de bain. Il y a joué pratiquement tous les instruments du compact: 670 pistes sonores (soit en moyenne 74,4444 par chanson) de guitares, de claviers, de percussions tourbillonnantes, de flûtes, de cordes, de cloches et de harpes. Que très peu d’échantillonnages. "Si on me donne 12 heures par jour pour faire de la musique, je vais en jouer pendant 12 heures, nous explique-t-il. C’était la même chose pour les mathématiques."
En le voyant avec ses grosses lunettes années 80 à la Napoleon Dynamite, on commence à sérieusement considérer Dan Snaith comme un nerd. "J’en suis définitivement un! Je deviens obsessif lorsque j’aime vraiment quelque chose. Je peux passer des heures à travailler en me disant que je peux faire mieux. Je ne reste jamais assis à ne rien faire. Même si je ne bois pas beaucoup et que je ne prends pas souvent de drogue, j’aime faire la fête. Sauf que si je me couche à 5h du matin, je vais quand même me lever à 8h pour travailler. Je ne suis pas un antisocial, mais quand je trippe à bosser sur une pièce, je vais refuser toute invitation pour m’y donner à fond."
Travailler comme un forcené, c’est ce qu’il a fait en 2006 afin d’accoucher d’Andorra, successeur des excellents Marino et The Milk of Human Kindness. "Je me souciais surtout de produire le parfait album pop. Pour la première fois de ma carrière, j’écrivais les pièces avant de les enregistrer. Généralement, tout naissait d’une mélodie que j’avais en tête. Ensuite, je trouvais le bon riff de guitare et je pensais finalement aux arrangements. Le défi était pour moi de faire sonner le disque comme s’il avait été concocté dans un des plus grands studios au monde, et non dans une pièce minuscule. J’y suis arrivé en utilisant des effets, mais aussi en superposant différents sons. Les rockeurs ont souvent l’intention de capter l’énergie live d’un groupe qui se défonce dans une petite pièce. Moi, je cherche à reproduire ce qu’il y a dans ma tête. Peu importe l’ampleur de mes idées."
Délices auditifs, les titres Melody Day, Sandy, She’s the One et Sundialing prouvent que l’ancien artiste électro – il dit être passé à autre chose – a frappé dans le mille avec une galette qui se retrouvera dans les tops de fin d’année. Reste à voir le résultat sur scène, où deux batteries serviront tantôt à reproduire la force hypnotique de Caribou.
Le 3 octobre, 21h avec Miracle Fortress et Born Ruffians
À La Tulipe
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À écouter si vous aimez /
Zombies, Mice Parade, Byrds