Pere Ubu : Vive le Père Ubu!
David Thomas et ses acolytes de la formation américaine Pere Ubu débarquent chez nous pour une rare visite. Fraîcheur et lucidité.
On n’a pas revu Pere Ubu à Montréal depuis le 27 septembre 1991. Le groupe, dont le chanteur David Thomas est l’un des fondateurs, le seul qui reste aujourd’hui, a toujours proposé une musique très originale et très personnelle, nourrie de rock, bien sûr, mais d’un rock "pour adultes", en ce sens qu’il ne sombre jamais dans la facilité. À commencer par le nom du groupe lui-même, qui devait en surprendre plus d’un, à Cleveland, en 1975… Rejoint à Londres, où il réside maintenant, David Thomas explique: "Ce qui me plaisait particulièrement dans la pièce d’Alfred Jarry, c’est sa théâtralité très artificielle, par opposition à un jeu naturel; elle fait appel à l’imagination des spectateurs. Aussi, aux États-Unis, les gens ne savent pas grand-chose du Père Ubu, alors ça nous semblait avoir toutes les qualités d’un bon nom de groupe: ça ne veut rien dire (puisque personne ne connaissait le personnage), c’est donc mystérieux, et ça a trois syllabes, comme Ro-lling-Stones!"
Malgré un succès assez rapide grâce à l’émergence des scènes punk et new-wave à l’époque, l’intransigeance du groupe ne lui a jamais laissé quitter l’underground. Si le succès auprès du grand public s’était présenté durant ces 32 années, c’est à se demander si le groupe n’aurait pas considéré ça comme une défaite! "Je l’aurais sûrement accueilli avec plaisir, mais ça ne pouvait simplement pas arriver… Je ne fais rien de spécial pour être anti-populaire, mais je ne fais pas de compromis non plus." Pendant ce temps cependant, David Thomas a développé, entre autres choses, des techniques de studio étonnantes, avec lesquelles il produit les enregistrements du groupe depuis Raygun Suitcase (1995). "Il est vrai qu’enregistrer un groupe sans utiliser de micros (ou presque) est relativement radical. En fait, j’utilise des haut-parleurs modifiés à la place… C’est que j’ai l’impression de ne pas entendre la même chose que tout le monde, et que j’ai décidé de considérer ma manière comme la bonne. J’aime que le son soit cru."
Le dernier disque du groupe paraissait en septembre 2006 sous le titre Why I Hate Women (Smog Veil SV59CD), alors la question semblait naturelle: pourquoi David Thomas déteste-t-il la femme? "Qui a dit ça? Tu ne demanderais pas à un auteur de polars pourquoi il tue des gens… C’est de la fiction. Et puis ce n’est pas "personnel", c’est le titre d’un disque du groupe. De plus, on peut détester quelque chose ou quelqu’un et en être dépendant, ou amoureux." Mais le consommateur moyen ne pensera peut-être pas à tout ça… "Well… C’est une des raisons pour lesquelles on est underground depuis 32 ans! Les gens ont tendance à ne pas penser. Une autre raison, c’est que nous ne sommes jamais ironiques; l’ironie est pour les lâches."
Et un concert de Pere Ubu en 2007, c’est quoi? "Ça doit ressembler à ce que c’était en 1991! C’est toujours un groupe de rock assez brutal, vivant et un peu bordélique."
Le 3 octobre, 21h
Au National
Voir calendrier Rock / Pop
À écouter si vous aimez /
TV On The Radio
They Shoot Horses Don’t They?
Devo