Un bal masqué : De vive voix
Triomphe de la voix, mais demi-réussite scénique pour l’ouverture de la saison de l’Opéra de Montréal avec Un bal masqué, de Verdi.
Vous connaissez l’histoire: il l’aime, elle l’aime aussi, mais elle est mariée… Son mari découvre le pot aux roses, avant d’assassiner celui qui fut non seulement son meilleur ami, mais aussi son roi; ce dernier, magnanime, pardonne à tout le monde. Avec de la musique, évidemment, c’est mieux… Et raconté par des voix exceptionnelles, ça peut même être bon.
L’Opéra de Montréal a réuni de telles voix pour Un bal masqué (Un ballo in maschera, 1859) de Giuseppe Verdi, sur un livret d’Antonio Somma. À part un petit problème dans un passage particulièrement exigeant, il est difficile d’imaginer que le ténor Richard Margison, que l’on nous annonçait "indisposé" en ce soir de première, aurait pu faire mieux dans le rôle de Gustave III, l’amoureux repentant de l’épouse de Renato, son secrétaire. Ce dernier, joué par le tout aussi imposant Gordon Hawkins, arrive cependant presque à lui voler la vedette. Mais la star de la soirée, c’est certainement la Saguenéenne Manon Feubel (Amelia). Le deuxième acte, où la duplicité se découvre, est tout à elle, malgré l’excellent travail de ses deux collègues. Au troisième, agenouillée et prête à mourir, elle nous tire les larmes. Il faut aussi souligner la présence forte, dans un rôle relativement court, de Pascale Beaudin, qui joue le page Oscar avec une légèreté réjouissante. Les voix sont habilement soutenues par l’Orchestre Métropolitain du Grand Montréal sous la direction de Gregory Vajda.
Mais on va aussi à l’opéra pour voir… À ce chapitre-là, le deuxième acte est magistral, avec un plateau d’un dépouillement très moderne et une mise en scène (Stanley M. Garner) qui peut justement s’y donner le droit d’exister. On dirait que le premier et le troisième acte ont été conçus par une autre équipe… La scénographie (Jean Bard) y est étouffante, surtout, bien sûr, dans l’antre de la sorcière (Marianne Cornetti), un épisode sans intérêt. Les choeurs, par ailleurs excellents vocalement, bouchent l’espace plus qu’ils ne l’occupent. À la sortie, c’est aux voix que l’on pense, et de ce côté-là, la production est très réussie, jusque dans les seconds rôles. Et après tout, à l’opéra, c’est bien ce qui compte d’abord.
Jusqu’au 4 octobre
À la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts
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