Coral Egan : Ce tout petit supplément d’âme
Coral Egan nous revient en force avec Magnify, un nouveau CD au carrefour du soul, du folk, de la chanson d’auteure et du jazz.
Stanley Péan
En faisant sauter sur ses cuisses sa petite Lola, quatre mois, la ravissante Coral Egan profite d’une pause entre deux boires pour parler de cet autre bébé dont elle n’est pas moins fière. Cet album qui prolonge la démarche amorcée sur My Favorite Distraction, elle le considère comme son véritable deuxième disque; comme le précédent (également réalisé, avec son flair coutumier, par le saxophoniste Charles Papasoff), Magnify ne réunit que des chansons originales, écrites par elle ou coécrite avec l’excellent Jay Atwill.
"Je crois que j’avais trop travaillé en studio My Favorite Distraction", avoue-t-elle quand on lui demande de distinguer ces albums l’un de l’autre. "Cette fois, je me suis efforcée de garder le côté cru et brut d’une prestation sur scène, ces petites imperfections qui donnent de la couleur, de la personnalité à mon travail. Le côté plus sale, le côté plus soul."
Elle en a parcouru du chemin, la Coral, en peu de temps! Tellement qu’on a cessé de l’identifier comme "la fille de Karen Young" pour la voir à juste titre comme une artiste à part entière qui, à l’instar de son inspiratrice Joni Mitchell, n’hésite pas à tromper les attentes, à mélanger les esthétiques histoire de mieux imposer sa voix et sa voie personnelles.
On ne sait d’ailleurs plus où la classer, Coral Egan, qui a renoncé aux standards pour explorer ses propres avenues. L’étiquette "chanteuse de jazz" n’ayant plus depuis belle lurette force d’appellation contrôlée, elle se définirait cependant comme "une chanteuse soul qui approche son matériel avec une attitude de jazzwoman." "Je reste une improvisatrice, insiste celle qui s’entoure en studio de la crème de la crème des jazzmen d’ici. Mais même si je veux que mes chansons continuent d’évoluer, je tiens à ce qu’elles demeurent reconnaissables."
Jazz ou pas, ces nouvelles chansons s’inspirent des discussions existentielles d’Egan avec son ami Jay Atwill, qui animaient les heures sur la route lors de sa dernière tournée. "L’idée maîtresse de la chanson Magnify, de l’album entier, c’est d’élargir, de regarder de plus près ma vie, mais aussi celles des autres, explique la jeune femme. C’est un double processus, qui relève autant de l’intime que de l’universel: examiner dans le menu détail et aussi projeter, amplifier, voir en plus grand."
Malgré ses nouvelles contraintes parentales, Coral Egan prévoit tourner bientôt, au Québec, au Canada et à l’étranger. "Depuis la naissance de ma fille, j’ai changé de favorite distraction, plaisante Egan. Sa présence simplifie pas mal d’affaires pour moi; elle m’impose de me laisser guider par mon happy-meter, parce que si je ne suis pas heureuse, ça nuit à Lola. Et puis, je sais que je saurai concilier la vie d’artiste et la maternité." Et pour cause! Comme je lui fais remarquer, Coral Egan n’a pas à chercher bien loin dans son entourage pour trouver l’exemple d’une chanteuse qui a réussi cet exploit avec bonheur…
Coral Egan
Magnify
(Justin Time/Fusion3)
Les 19 et 20 octobre
À l’Espace Dell’Arte
À écouter si vous aimez /
Joni Mitchell, Karen Young, Cassandra Wilson