Eric's Trip : Le voyage de Rick
Musique

Eric’s Trip : Le voyage de Rick

Groupe-culte canadien, Eric’s Trip se reforme pour une deuxième fois en six ans. Dieu soit loué!

Formé en 1990 pour être sabordé six ans plus tard, Eric’s Trip est l’incarnation ultime du courant grunge au pays. Cheveux longs, marijuana, jeans déchirés et distorsion, la formation correspondait au portrait-type des groupes de sous-sol teigneux mis au goût du jour par Nirvana et son charismatique leader. Premier combo canadien sous contrat avec Sub Pop, à la belle époque du label de Seattle, le quatuor détonnait de ses comparses des Maritimes de par sa lourdeur et son esthétique lo-fi à des milles de la gentillesse de Sloan.

Avec à leur actif trois albums, quelques maxis, une flopée de 7 pouces, un disque de b-sides et un en spectacle, Rick White, Julie Doiron, Chris Thompson et Mark Gaudet n’ont jamais connu de succès populaire. Malgré ses superbes mélodies pop enfouies sous une tonne de distorsion, Eric’s Trip est demeuré le joujou exclusif d’une bande de mélomanes branchés sur la contre-culture avant que HMV n’ait sa section "Alternatif". "C’est ce qui rend ces concerts-réunions amusants pour nous", explique le guitariste et chanteur Rick White. "Notre bassin de fans a toujours été constitué de gens comme nous, du monde avec qui je me serais tenu si nous étions allés à l’école ensemble."

Plus de dix ans après la séparation d’Eric’s Trip, Rick White habite à la campagne, à une heure au nord de Toronto. Il n’a pas changé son look d’un iota. Après plusieurs années de pauvreté passées dans un appartement de la Ville-reine avec Dallas Good (The Sadies) et Tara (membre avec Rick d’Elevator To Hell), il semble avoir trouvé un équilibre rassurant. "Au début des années 2000, Elevator a quitté l’étiquette Sub Pop, et je suis déménagé de Moncton à Toronto. Cette période a d’ailleurs eu raison de mon couple avec Tara. Les temps étaient durs, je n’avais même pas assez d’argent pour acheter un paquet de cigarettes. Mais tout s’est amélioré depuis. J’entretiens une maison de campagne et, en échange, le propriétaire me laisse y vivre gratuitement. Je fais du jardinage et de l’aménagement paysager. J’ai aussi beaucoup de temps pour composer, peindre, enregistrer des groupes et m’occuper du label Blue Fog. Je n’ai pas vraiment de responsabilités. Ça me permet de rester lucide et de me consacrer à l’art", précise celui qui lançait The Rick White Album il y a quelques mois.

Réunis dans cette maison de campagne afin de travailler sur Woke Myself Up, l’album de Julie Doiron en lice pour le Polaris 2007, les quatre membres d’Eric’s Trip ont eu l’idée de cette deuxième tournée-réunion l’an dernier. "En 2001, notre retour était une manière pour nous de reprendre contact, car nous n’avions eu pratiquement aucun échange depuis 1996. Cette fois, l’idée nous est venue alors que nous vivions à nouveau sous le même toit. Ça n’a duré que quelques jours, mais comme à l’époque où nous formions la famille Eric’s Trip, nous regardions la télé et mangions les quatre ensemble. Se produire de nouveau sur scène était une manière de prolonger ce plaisir."

Si l’enregistrement d’un nouveau disque ne figure pas dans les plans de la formation, un vinyle fraîchement pressé incluant quelques b-sides et pièces rares sera disponible au concert.

Le 7 octobre
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