Gogol Bordello : Le bordel pour être libre
Gogol Bordello propage toujours son désir de liberté sur scène, avec toute la fougue qu’on lui connaît.
Avoir Eugène Hütz au bout du fil est un exercice intrigant. La réputation du chanteur de Gogol Bordello traverse les frontières et nous avons cette vague impression que tout peut arriver avec l’artiste anticonformiste. Difficile de définir dans les moindres détails le projet musical de cette bête de scène, véritable iconoclaste de la musique. Punk, gypsy, politiquement engagé et anarchiste, voilà qui pourrait faire une entrée en matière. Ne qualifiez pas son groupe de folklorique, cette étiquette réductrice serait perçue comme une insulte aux yeux du chanteur d’origine ukrainienne. "Notre façon de faire est très individuelle, explique-t-il. On intègre des musiques traditionnelles mais on ne fait pas de folklore. C’est notre propre interprétation et nous faisons ce que nous voulons. Quand je décide de m’approprier certaines musiques d’Europe de l’Est, par exemple, je les adapte au groupe et à ma façon d’être. Nous ne sommes pas des collectionneurs de musiques anciennes qui s’obstinent à trouver une façon juste de les exprimer. On ne fait pas dans la diaspora, notre vision des choses est plus profonde et passionnée."
"C’est le meilleur disque que nous ayons fait, un pas en avant si tu veux ", s’enthousiasme le chanteur à propos de Super Taranta, la nouvelle production de la troupe et le quatrième album après Gypsy Punks Underdog World Strike. "Nous avons grandi ensemble. La seule raison d’être de ce groupe, c’est la vie que mène chaque individu qui le compose. Chaque personne est un élément vital pour nous et maintenant, après toutes ces années, chacun de nous peut s’exprimer avec beaucoup plus d’honnêteté. C’est une intensité et une énergie qui s’expriment avec beaucoup plus de cohérence." Une mini-société multiculturelle de sept individus qui représente le meilleur des mondes aux yeux du chanteur. Le choix du titre pour ce dernier opus souligne les convictions qui l’habitent. Un clin d’oeil à la tarantella, ces chants de guérison pratiqués par les nomades qui ont sillonné l’Europe pendant des siècles. "C’est le paradoxe de la vie, rajoute-t-il. Pour guérir ou pour détruire? Je pense qu’au-delà du fait que la musique peut influencer et guérir, la sérénité et la beauté sont fondamentales. C’est de l’amour plus que de la guérison."
Toujours concerné par la situation de son pays natal et le système communiste dont il a été témoin, Eugène Hütz se formalise peu de la perception que peuvent avoir certains de ses compatriotes de la direction artistique et de la présentation scénique (véritable séance de défoulement collectif) du groupe. "Toute forme de culture est propre aux gens qui la pratiquent et non aux éminences grises qui se font les porte-parole de la bonne conduite. Certains peuvent trouver que je suis vulgaire et que je banalise le klezmer. Qu’ils aillent se faire foutre! Il n’y a rien de plus malsain que le nationalisme. La politique dans la culture, c’est de la merde. Ce qui compte vraiment, c’est ce que les gens sentent à l’intérieur. Peut-être qu’en les déridant un peu sur certains tabous, ils pourront commencer à se cultiver eux-mêmes."
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