Intakto : Du tango vers Intakto
Musique

Intakto : Du tango vers Intakto

Intakto revient avec un deuxième album, Todavìa, qui marque pour le groupe une étape définitive. Le tango y est exposé en toute liberté et le plaisir de le déconstruire anime ces musiciens.

Simon Claude n’aurait jamais cru qu’au fil des ans, la musique latine allait être au coeur de ses activités professionnelles. Un répertoire qui était totalement étranger au violoniste il y a 12 ans, avant cette rencontre avec le guitariste et chanteur de nationalité chilienne Alejandro Venegas. Presque cinq ans après la parution de leur premier album, les deux musiciens reviennent avec Todavìa, qui veut dire "encore" en français, dans le but avoué de préciser leur son et de laisser libre cours à leurs inspirations. Deux cultures aux antipodes et deux conceptions discordantes de la musique qui donnent un son actuel et contrasté. "C’est pour cela que nous parlons de tension en nous décrivant, explique le violoniste et arrangeur de la formation. Pas dans le sens belliqueux du terme, il n’y a rien de négatif. C’est plutôt une tension qui nous nourrit l’un l’autre."

Sans le renier, le duo va même jusqu’à se détacher du tango, une façon de résister aux modes qui imposent certaines limites contraignantes à la création. "Au départ, Intakto s’est fait connaître comme une formation de tango, admet-il. On en fait encore, et on a mis quelques pièces de Piazzolla sur le disque, mais on voulait imposer nos propres compositions et notre style. Je m’amuse beaucoup avec les idées d’Alejandro. Il est très instinctif et arrive avec un produit brut que je déconstruis et structure avec une totale liberté. Il s’y adapte sans difficulté."

Après une première écoute de Todavìa, la pièce Nocturno Sin Patria démontre bien la personnalité musicale du violoniste. Un solo de violon apparaît, coups d’archet saccadés et tranchants se succèdent, donnant l’illusion d’entendre une guitare. "Ce n’est pas un hasard, explique-t-il. Lorsque j’étais à l’école, je me percevais beaucoup plus comme un guitariste qu’un violoniste. J’ai toujours été passionné par la pop britannique. C’était mes modèles en quelque sorte."

Aux oreilles de certains mélomanes avertis, le duo pousse peut-être un peu trop loin l’exercice moderniste. Des détracteurs dont ne se soucie pas vraiment le musicien. "Il y a des puristes, des amateurs de tango purs et durs qui ont leurs opinions et qui cultivent une vision très étroite de la musique en général, indique-t-il, lui qui est de formation classique. C’est le genre de comportement obstiné que je trouve inutile. Il n’y a pas de mal à faire le mélange des genres et à avoir sa propre façon d’interpréter une musique. On dirait que certaines personnes expriment leurs opinions sur la musique comme si elles revendiquaient la pureté ethnique. Je me considère souvent dans tout ça comme un punk qui n’y voit aucun problème. Ça me fait penser à la mode baroque dans la musique classique. Ceux qui s’obligent à jouer sur instruments d’époque. C’est très limitatif. On croirait qu’ils sont dans un laboratoire de recherche. C’est quand même créatif, c’est vrai, mais souvent ça impose une limite dans l’exécution, et la spontanéité n’y est plus."

Le 6 octobre à 20h
au Centre d’art de Richmond
Voir calendrier World/Reggae

Le 27 octobre à 20h
au Théâtre Centennial

À écouter si vous aimez:
Astor Piazzolla
Carlos Gardel
Gotan Project