Les Chauds Lapins : Paris, Brooklyn
Musique

Les Chauds Lapins : Paris, Brooklyn

Les Chauds Lapins viennent de Brooklyn mais chantent en français à coup de banjo et d’ukulélé. Le monde à l’envers.

Leurs prestations sont imprégnées des fantômes de Charles Trenet et d’Édith Piaf, telle une amourette d’Américains à Paris… La francophilie new-yorkaise s’est-elle déjà commise au point de mettre au monde un groupe de musique qui interpréterait des grands de la chanson française?

Ce qui peut sembler un exercice de style se révèle une passionnante histoire d’amour: Les Chauds Lapins, amoureux des Trenet, Piaf, et de la chanson française des années 1920-1940, le tout avec le joli accent de Shakespeare.

Pour la bande, il n’est pas question de nostalgie, mais bien de découverte. "D’un point de vue francophone, c’est probablement difficile d’imaginer qu’on peut ne jamais avoir entendu les chansons de Charles Trenet, nous dit Kurt Hoffman, leader du groupe aux côtés de Meg Reichardt. Pour moi, ça a été comme de découvrir un coffre au trésor. Par extension, on s’est nécessairement intéressés aux influences américaines en France: le jazz et le swing."

La particularité du groupe est dès lors de plaire à deux publics: dans la francophonie, on apprécie l’accent américain de la chanteuse Meg Reichardt; à Brooklyn, ce sont les chansons françaises elles-mêmes qui charment. Mais si les Américains connaissent la musique française, il faut à chaque spectacle les mettre en contexte et ainsi raconter beaucoup de choses à propos des chansons.

"Il faut savoir que quand les New-Yorkais pensent à la chanson française, ils pensent à Édith Piaf, Serge Gainsbourg ou alors aux groupes yé-yé des années 60. C’est assez limité. La première fois que j’ai joué du Charles Trenet en spectacle, un homme est venu me voir ensuite pour me demander si cette chanson était du Serge Gainsbourg… L’important, c’est que la chanson française reste cool en général ici, ce qui ne doit pas être le cas, j’imagine, pour la chanson coréenne ou la chanson tchécoslovaque…"

En effet, le glamour français a toujours la cote dans les milieux intellectuels de la Grosse Pomme. Mais c’est aussi vrai à l’inverse. Les Chauds Lapins n’ont joué qu’une fois à Paris, dans une salle archi-comble. Ce qui avait fait dire à un spectateur que les Chauds Lapins devraient carrément devenir les ambassadeurs américains à l’ONU!

L’expérience les a-t-elle assez séduits pour qu’ils envisagent s’établir éventuellement en France? "J’aimerais beaucoup retourner en France, mais je ne sais pas si je pourrais y habiter. Paris est super, mais New York, c’est chez nous…" Ce qui ne les empêche pas de passer par le Québec ces jours-ci, forts d’un album – Parlez-moi d’amour – paru un peu plus tôt cette année. Une première pour le groupe qui, dès sa formation, espérait venir ici. Ce sera maintenant chose faite.

Avec un humour noir typiquement anglais, le groupe souhaite trouver chez nous une foule en délire. Lorsqu’on demande à Kurt Hoffman quel serait le genre de spectateurs qu’ils espèrent voir à leurs spectacles en terre québécoise, il répond: "Ils seront à moitié nus et s’achèteront mutuellement beaucoup de cocktails. Une foule enlevante et sans inhibitions, cultivée mais irrésistible. Ah oui, et ils conduiront des voitures de sport."

De quoi rendre honneur aux Chauds Lapins: plein de petits lapins en chaleur qui dansent le swing…

Le 4 octobre à 21h
À la Casbah
Dans le cadre d’Antenne-A
Voir calendrier Jazz/Actuelle

À écouter si vous aimez
Charles Trenet et Édith Piaf