Eleni Mandell : En français, svp!
Eleni Mandell craque pour le français. Et elle revient nous chanter la pomme. Entretien avec la Californienne à quelques jours de son départ pour une tournée qui la mènera de Québec à Montréal, en passant par La Tuque.
Au bout du fil, Eleni Mandell est surprise. "Nous avons une entrevue aujourd’hui?" Vingt-quatre heures plus tard, la chanteuse explique: "Le problème avec les tournées, c’est que je ne sais jamais quel jour on est, mais seulement où je suis!" Ne vous en faites pas, miss Mandell, il nous faudrait beaucoup plus que ce léger oubli pour vous en vouloir.
D’autant plus que la chanteuse a chaussé des souliers français, et que ces derniers lui vont à ravir. Sa voix grave y gagne en légèreté, comme si le fait de se donner à une langue qu’elle connaît peu la faisait apparaître plus fragile, et nous donnait le goût de l’écouter encore nous murmurer ses mots mi-doux, mi-amers.
L’auteure arrive donc à Québec, point de départ de sa tournée à travers la province, bien armée de deux nouvelles chansons en français qui prennent la forme d’un 45 tours qu’elle a enregistré cet été à Montréal. Elle s’est également commise dans un duo avec le chanteur du groupe new-yorkais Mélomane, Pierre de Gaillande. Comment en est-elle arrivée là? "J’ai des amis à Montréal – dont Gourmet Délice, avec qui je travaille depuis 10 ans – qui me suppliaient constamment d’apprendre le français. J’ai essayé de suivre des cours voilà trois ans et d’écrire des chansons, mais… c’était trop difficile. Mais il y avait ce début de chanson en français qui m’est resté dans la tête et que je n’arrêtais pas de fredonner en marchant dans les rues depuis tout ce temps. Et en juin dernier, j’ai joué à New York et j’y ai revu un de mes vieux amis, Pierre de Gaillande, qui est de descendance française. Quand je l’ai vu, j’ai eu un flash, je lui ai dit: "Pierre, tu pourrais m’aider à finir cette chanson!""
C’est donc ainsi qu’elle s’est retrouvée peu de temps après dans la métropole, où elle a enregistré Français 1 avec Pierre de Gaillande et aussi une traduction d’une de ses chansons, Dis-moi au revoir encore. La première, légèrement coquine, est une conversation entre un homme et une femme: "Vous parlez anglais monsieur?/Oui madame./Vous parlez français madame?/Non, monsieur, désolée, je ne comprends pas". "J’ai pensé que ça serait amusant d’écrire une chanson à propos des toutes premières choses que tu apprends quand tu étudies le français… et c’était tout ce que je pouvais écrire de toute façon! Je crois que pour Pierre, c’était très étrange de m’aider à la terminer, parce que les mots étaient si formels, et simples… Mais je crois qu’on en a fait quelque chose de sweet."
L’autre chanson est tirée d’un album qu’elle a réalisé avec son band méconnu nommé The Grabs, dont le disque Sex, Fashion and Money est disponible sur la Toile. Nommée à l’origine Let’s Say Goodbye Again, la chanson a été traduite par Gourmet Délice et un vidéoclip vient d’ailleurs d’être tourné. "Gourmet voulait vraiment essayer de traduire une de mes chansons, et je ne sais pas, j’ai un petit faible pour celle-là, même si je n’ai pas joué avec ce band depuis deux ans. Je l’ai donc suggérée et je crois qu’il a fait une très bonne traduction, même si c’était très difficile de conserver le même sens dans une autre langue!"
HIP, LE FRANÇAIS?
Après la récente venue dans la capitale des Chauds Lapins, un groupe de New York qui chante en français, et la découverte du groupe de la même ville Mélomane et de son chanteur mi-français, la question se pose: que se passe-t-il dans la Grosse Pomme? "Je ne sais pas! Je crois bien que le français est hip en ce moment!" analyse l’artiste en riant.
Quoi qu’il en soit, Eleni Mandell, revigorée par ses expériences, s’est remise à ses livres. "Je les ai apportés avec moi en tournée. Ils sont très très lourds! Mais je n’ai pas eu beaucoup de temps jusqu’ici, ce n’est pas vraiment le contexte idéal… J’espère aller à Paris en janvier pour faire une immersion, je crois que ce serait plus facile pour apprendre, même si mes amis de Montréal ont peur que je revienne avec l’accent français! (rires)"
En attendant, Eleni et ses musiciens planchent fort sur leur prochain disque, alors qu’ils viennent de lancer en édition limitée un CD live de deux concerts enregistrés pendant leur tournée européenne, au Danemark et en Autriche. "Nous étions à l’aéroport en attendant notre vol pour l’Europe. Mon bassiste était là avec tout cet équipement pour enregistrer et je lui ai demandé: "Mais qu’est-ce que tu fais?" Il m’a dit qu’il voulait essayer d’enregistrer nos concerts… J’ai pensé qu’il était fou, mais il l’a vraiment fait et ça sonnait très bien. Ces deux spectacles étaient très particuliers, surtout celui au Danemark. C’était la première fois que je jouais là et il y avait à peu près 10 personnes dans la salle, mais c’était un endroit superbe et le son était vraiment bien… Parfois, c’est inconfortable de jouer devant un si petit auditoire, mais quand ça sonne bien, tu risques plus de te souvenir de ça que de la petite foule… Et à la fin, il y avait presque 500 personnes dans la salle!"
Quant au prochain opus – son septième, qu’elle souhaite enregistrer en novembre ou décembre -, la Californienne se dit très emballée et croit que ce sera son meilleur à ce jour. En attendant de pouvoir se le mettre sous la dent, on pourra entendre quelques-unes de ses nouvelles compositions lors du spectacle, sans oublier celles qu’elle nous a promis de chanter dans la langue de Molière.
Le 17 octobre à 21 h
Avec Olivier B Coutu en première partie
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